Aide à mourir : l’inquiétude grandit chez les pharmaciens

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Aide à mourir : l’inquiétude grandit chez les pharmaciens

Publié le 26 mai 2025 | modifié le 27 mai 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Les députés ont confirmé, samedi, que les pharmaciens ne disposeront pas d'une clause de conscience, dans le cadre du droit à l'aide à mourir, alors même que ce sont eux qui délivreront la substance létale. Un délit d'entrave à l'accès à l'aide à mourir a également été acté, mettant davantage de pression sur les épaules des officinaux.

Les députés ont achevé l’examen en première lecture de la proposition de loi relative au « droit à l’aide à mourir », samedi 24 mai. Un vote solennel est attendu demain, mardi 27 mai. Ils ont validé le cadre de la « clause de conscience » permettant à tout médecin de refuser de pratiquer l’aide à mourir. En revanche ils ont rejeté les amendements portant sur une clause de conscience des pharmaciens, alors même que ces derniers seront amenés à délivrer la substance létale. Une décision qui secoue la profession même si Ordre et syndicats se sont majoritairement prononcés contre. Une tribune cosignée par plusieurs centaines de pharmaciens circule depuis samedi sur les réseaux sociaux afin de recueillir un maximum de votes. « Nous considérons qu’une telle position touche à l’intime de la vocation professionnelle, à l’éthique personnelle et à la relation avec nos patients. Elle ne saurait être déléguée sans consultation, a fortiori quand le pharmacien est directement impliqué dans le processus d’euthanasie et du suicide assisté », relèvent les auteurs de la tribune, France Viroux, Estelle Bailbe-Witte et Eric Laruelle, tous docteurs en pharmacie. Ils invoquent le respect du serment de Galien « que nous avons lu le jour de notre thèse devant nos pairs, confrères, famille. »

Délit d’entraves

L’objectif de la tribune est de porter haut et fort la voix des pharmaciens jusqu’aux sénateurs qui examineront le texte une fois que l’Assemblée nationale aura clôturé son vote. Réclamer une clause de conscience semble en effet plus que fondé, dès lors que les députés ont aussi approuvé la création d’un délit d’entrave à l’accès à l’aide à mourir, portant sur le « fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher » de « pratiquer ou de s’informer ». La peine encourue sera de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende.

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