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Quels médicaments sont en tension aujourd’hui ?
Colchicine, Chibro-Cadron, Dermoval, Clarelux… Les pénuries se multiplient dans les pharmacies françaises. Selon Offisanté, un observatoire reposant sur les flux réels de dispensation, ces spécialités figurent parmi les plus touchées.
D’après les données consolidées par OffiSanté, qui collecte chaque jour les flux de ventes et de stocks sur un panel couvrant environ 50 % des officines françaises, les médicaments les plus touchés ces dernières semaines sont :
– Colchicine 1 mg,
– Chibro-Cadron collyre,
– Dermoval 0,05 %,
– Clarelux crème.
Ces chiffres, établis sur un échantillon représentatif de toutes les typologies d’officines, sont également utilisés par l’ANSM pour suivre et documenter l’intensité des ruptures.
Une profession sous pression
Ces tensions pèsent lourdement sur les officinaux. Selon une enquête de l’URPS Pharmaciens PACA, 75 % déclarent subir des comportements agressifs de patients et 90 % se disent épuisés moralement. « Le matin, le pharmacien veille à l’observance, et l’après-midi il doit annoncer qu’il n’a plus le médicament. C’est intenable », résume Félicia Ferrera, présidente de l’URPS Paca (FSPF).
Des causes multiples, mais aussi des dérives
Si les causes structurelles sont connues – prix trop bas, dépendance aux importations asiatiques, délais de mise sur le marché -, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) dénonce aussi certaines pratiques industrielles. « Des laboratoires entretiennent volontairement les tensions pour orienter les pharmacies vers la commande directe, plus rentable », affirme Matthieu Saulnier, pharmacien à Nanterre.
« Les médicaments doivent transiter par les grossistes répartiteurs afin de garantir un approvisionnement homogène sur le territoire. Nous n’excluons pas d’actions juridiques si certains laboratoires persistent à privilégier la vente directe », avertit Guillaume Racle (USPO).
Les patients à la frontière
Dans ce contexte, certains patients cherchent leurs traitements à l’étranger. La Colchicine coûte 4 € en France contre plus de 30 € en Allemagne, tandis que la Ventoline, produite en France, est plus disponible en Italie, où son prix est cinq fois plus élevé.
« Nous sommes parfois réduits à faire des choix : qui vais-je soigner ? Qui vais-je sauver ? C’est un dilemme insupportable », confie Félicia Ferrera.
Et de conclure Guillaume Racle : « Les ruptures ne sont pas une fatalité. Elles résultent de choix économiques et politiques. Ces choix, il est encore temps de les corriger. »
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