Octobre rose : moins d’une Française sur deux participe au dépistage

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Octobre rose : moins d’une Française sur deux participe au dépistage

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Publié le 1 octobre 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Chaque année, du 1er au 31 octobre, la campagne Octobre rose rappelle l’importance du dépistage précoce du cancer du sein, première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Mais, en 2024, moins d’une Française sur deux a participé au programme national.

Quel est l’objectif d’Octobre rose ?

L’opération vise à sensibiliser les femmes au cancer du sein et à les inviter à se faire dépister, car plus la détection est précoce plus les chances de guérison sont importantes. Octobre rose vise aussi à briser les tabous autour du cancer et promouvoir l’amélioration du quotidien des femmes touchées par la maladie.

Comment aider à la détection précoce ?

Plusieurs dispositifs ont été mis en place et peuvent peuvent être rappelés au comptoir : suivi spécifique pour les patientes à risque élevé, consultation d’un médecin en cas de modifications observées au niveau des seins, examen clinique annuel à partir de 25 ans, mammographie tous les deux ans entre 50 et 74 ans dans le cadre du dépistage gratuit organisé par l’Assurance maladie chez les femmes sans symptôme ni facteur de risque autre que l’âge. Au-delà de 74 ans, le dépistage individuel se poursuit, mais il est adapté au cas par cas, selon l’état de santé des patientes (rapport bénéfice/risque).

Le dépistage est-il un succès ?

En 2024, seules 44 % des femmes âgées de 50 à 74 ans ont répondu à l’invitation du programme national, loin des 70 % recommandés au niveau européen pour réduire significativement la mortalité. La tendance est même à la baisse depuis dix ans, quelle que soit la tranche d’âge concernée. Plusieurs facteurs expliquent ce désengagement : notamment une organisation jugée complexe et des difficultés d’accès dans certaines régions (déserts médicaux, délais trop longs, invitations peu adaptées). À cela s’ajoutent des inégalités sociales et territoriales, ainsi que des freins personnels comme la peur d’avoir mal, mais aussi la crainte de se voir diagnostiquer un cancer.

Le recours au dépistage individuel hors programme peut-il expliquer cette baisse ?

Une partie des femmes de la population cible, estimée à environ 10 %, a recours à un dépistage hors programme. Mais pour Santé publique France, « si un report entre dépistage organisé et dépistage hors programme n’est pas à exclure, les données disponibles ne permettent pas de l’estimer de manière fiable ».

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Quels signes doivent alerter ?

« Plusieurs signaux d’alerte sont à surveiller, rappelle le Dr Florence Coussy, gynécologue et oncologue à l’Institut Curie (Paris) : apparition d’une masse au niveau mammaire ou sous le bras, déformation du sein qui se bombe ou se creuse, rétraction mamelonnaire, écoulements sanglants, aspect peau d’orange ou rougeâtre… Toute anomalie mammaire doit engager une femme à aller consulter son gynécologue ou son médecin. Au moindre doute, il faut aller jusqu’au prélèvement. L’errance diagnostique n’est plus permise en 2025. »

En amont, quels sont les facteurs de risque ?

Si les principaux facteurs de risque connus du cancer du sein ne sont pas modifiables (âge, prédisposition génétique, antécédent de pathologie mammaire ou d’irradiation thoracique médicale à forte dose), d’autres dépendent directement des habitudes de vie, comme la consommation d’alcool ou le tabagisme. A contrario, certains facteurs sont considérés comme protecteurs (puberté tardive, grossesse avant 25 ans, ou encore avoir allaité pendant 6 mois).

Que faire pour accompagner les patientes sous traitement ?

Les traitements lourds comme la chimiothérapie ont souvent des effets indésirables sur la peau et les cheveux. L’équipe officinale a un rôle majeur à jouer en proposant des produits adaptés : crèmes postopératoires pour apaiser les cicatrices, compléments alimentaires visant à renforcer l’immunité ou à contrer les effets indésirables des traitements, prothèses mammaires externes… Par ailleurs, les conseils sur l’autopalpation sont cruciaux pour détecter les cancers au plus tôt. Des affiches et flyers sur le sujet permettent de sensibiliser les clientes. Ces ressources sont téléchargeables sur de nombreux sites : Ligue contre le cancer, Cespharm, Institut national du cancer, Fondation Arc

Repères

  • 61 214 nouveaux cas de cancers du sein diagnostiqués en 2023.
  • 12 757 femmes sont décédées d’un cancer du sein en 2022.
  • 88 % de taux de survie nette standardisée* à 5 ans, pour les femmes diagnostiquées entre 2010 et 2015.
  • Près de 80 % des cancers du sein se développent après 50 ans.
  • 64 ans, c’est l’âge médian du diagnostic en 2023.
  • 25 ans, c’est l’âge à partir duquel un examen clinique annuel des seins est recommandé.
  • De 50 à 74 ans, une mammographie entièrement prise en charge et sans avance de frais est proposée tous les deux ans dans le cadre du dépistage organisé.
  • Seulement 44 % des femmes ont participé à ce dépistage organisé en 2024, selon Santé publique France.

* C’est-à-dire la survie que l’on observerait si la seule cause de décès des personnes atteintes de cancer était le cancer.
Source : « Panorama des cancers en France 2025 », édition spéciale 20 ans, Institut national du cancer (INCa).