Le millepertuis pour chasser la dépression légère à modérée 

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Le millepertuis pour chasser la dépression légère à modérée 

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Publié le 11 octobre 2025
Par Nathalie Belin
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Surnommé « chasse-diable » au Moyen-Âge pour ses vertus protectrices, le millepertuis est utilisé de longue date notamment contre l’anxiété, l’hystérie, la mélancolie ou la folie et comme cicatrisant cutané. La mise en évidence de ses propriétés antidépressives remonte aux années 1980.

Commun dans l’hémisphère Nord, le millepertuis est une plante herbacée vivace de 40 à 60 cm de haut poussant aux bords des chemins, des haies ou buissons. Les tiges portent de petites feuilles vert foncé, opposées, ponctuées de noir sur les bords. À leur surface, des ponctuations translucides renfermant de l’huile essentielle semblent former des perforations, d’où son nom. Les fleurs, jaune vif, se présentent en grappe au sommet de la tige. Les sommités fleuries sont récoltées au début de la floraison, aux alentours du solstice d’été, ce qui explique son appellation d’herbe de la Saint-Jean.

Principaux constituants

  • Tanins.
  • Dérivés du phloroglucinol (hyperforine, adhiperforine).
  • Flavonoïdes (hypéroside, rutoside, quercitroside, quercétol, etc.) et biflavonoïdes (amentoflavone, par exemple).
  • Naphtodianthrones (hypéricine, pseudohypéricine, etc.) à l’origine de la couleur rouge orangé des extraits.
  • Huile essentielle.

Fiche technique

Nom latin : Hypericum perforatum L.

Famille : Hypericacées.

Partie utilisée : sommités fleuries.

Contrôle et qualité : Pharmacopée française et européenne.

Principales propriétés

  • Antidépresseur.
  • Anxiolytique, légèrement sédatif.
  • Cicatrisant, antiseptique astringent par voie externe.
  • Anti-inflammatoire, antalgique, antimicrobien.

Principales indications

En tant que médicament dans le traitement des manifestations dépressives légères à modérées. Usage traditionnel pour soulager l’épuisement mental, l’agitation nerveuse et les difficultés d’endormissement, ainsi que les troubles gastro-intestinaux légers ; et par voie locale dans les inflammations cutanées mineures et pour aider à la cicatrisation.

Mécanisme d’action

Des effets antidépresseurs ont été mis en évidence chez le rat (tels qu’une activité physique augmentée, une induction du sommeil). Ils semblent attribués à l’hypéricine, à l’hyperforine et aux flavonoïdes. In vitro, des extraits hydroalcooliques augmentent les concentrations en noradrénaline. L’hypéricine a une affinité pour les récepteurs GABAergiques et sérotoninergiques. Les extraits inhibent également la recapture de la sérotonine et de la dopamine. L’amentoflavone a une affinité pour les récepteurs aux benzodiazépines.

Des effets antibactériens et antiviraux sont attribués à l’hyperforine.

En 2009, une méta-analyse Cochrane (portant sur 29 essais cliniques randomisés en double aveugle) montre une efficacité du millepertuis supérieure au placebo et similaire à celle d’antidépresseurs classiques chez des patients souffrant de dépression légère à modérée après 4 à 12 semaines de prise. Plus récemment (2017), une nouvelle méta-analyse (incluant 27 essais cliniques et 3 808 patients) confirme ces résultats et rapporte une efficacité similaire des extraits de millepertuis aux inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. L’étude note un taux d’abandon lié aux effets indésirables plus faible chez les patients traités par du millepertuis.

Posologie par voie orale

Épisodes dépressifs légers à modérés (médicaments). Extraits secs hydroalcooliques : 300 à 1 800 mg par jour selon le type d’extrait. L’efficacité se manifeste en 4 semaines.

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Épuisement mental passager : en infusion, 1,5 à 2 g dans 150 ml d’eau 2 à 3 fois par jour ; extrait sec hydroalcoolique (DER 4-7:1), 180 à 360 mg par jour. Un avis médical est requis si les symptômes persistent plus de 2 semaines.

Troubles gastro-intestinaux: en infusion, 2 g dans 150 ml d’eau 2 fois par jour. Demander un avis médical si les symptômes persistent plus de 1 semaine.

Agitation et difficultés d’endormissement: en infusion, 2 à 3 g dans 150 ml d’eau 2 fois par jour. Nécessité d’un avis médical si les symptômes persistent plus de 2 semaines.

Millepertuis : quels effets indésirables ?

Les effets indésirables sont généralement mineurs à type de troubles gastro-intestinaux. Pas d’exposition solaire sans protection de la peau durant le traitement en raison d’un risque de photosensibilisation lié à l’hypéricine.

Interactions médicamenteuses

Elles sont nombreuses car le millepertuis est un inducteur puissant d’isoenzymes du cytochrome P450 (3A4, 2C9, 2C19) et de la glycoprotéine P pouvant entraîner une perte d’efficacité notamment du traitement associé : il est, par exemple, contre-indiqué avec des anticonvulsivants (acide valproïque, lamotrigine, etc.), des antifongiques azolés, les antivitamines K, les contraceptifs œstroprogestatifs et progestatifs, la digoxine, des immunosuppresseurs, des inhibiteurs de protéases et de tyrosine kinases.

Il expose à un risque de syndrome sérotoninergique (nausées, vertiges, diarrhées, agitation, tachycardie, sueurs, confusion mentale, etc.) en association avec des antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (et potentiellement tricycliques, inhibiteurs de monoamine-oxydase, ou avec le tramadol, notamment).

Précaution d’emploi avec le millepertuis

Le millepertuis est déconseillé avant 18 ans et chez la femme enceinte ou allaitante.

Sources : « St John’s wort for major depression (review) », The Cochrane Library, 2009 ; « Clinical use of Hypericum perforatum (St John’s wort) in depression: a meta-analysis », J. Affect. Disord, 2017 ; Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail ; base de données publique des médicaments ; « European Union herbal monograph on Hypericum perforatum L., herba », Agence européenne des médicaments, 2022 ; Du bon usage des plantes qui soignent, Jacques Fleurentin, 2022.