Suspension de l’arrêté sur les remises : « Les pharmaciens doivent transformer l’essai »

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Suspension de l’arrêté sur les remises : « Les pharmaciens doivent transformer l’essai »

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Publié le 25 septembre 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Suite à la décision du gouvernement de suspendre, pour trois mois, l’arrêté du 4 août réduisant le plafond des remises sur les médicaments génériques, l’économiste de la santé Frédéric Bizard met en garde la profession. Il ne s’agit que d’une étape provisoire qui doit servir de tremplin pour obtenir davantage.

« C’est une décision positive, mais ce n’est qu’une étape. » L’économiste Frédéric Bizard a beau saluer la victoire obtenue par la profession avec la suspension de l’arrêté du 4 août dans sa partie concernant les médicaments génériques, il n’en met pas moins en garde les pharmaciens contre toute tentation de considérer qu’il s’agit d’une victoire définitive. « Les intentions du gouvernement restent présentes. Il ne s’agit que d’une suspension. Il faut donc mettre à profit ces trois mois pour engager un dialogue constructif avec les pouvoirs publics. » L’économiste va même plus loin : « Les pharmaciens sont en position de force, il faut prendre la main du politique et aller au-delà du simple mécanisme des remises. » Il rappelle en effet que le marché français du générique reste loin derrière ses voisins européens, notamment l’Allemagne, où la part de marché dépasse 80 %. « En France, elle plafonne autour de 45 %, le véritable enjeu est donc de créer des conditions favorables pour développer ce marché. »

La mission Igas : une réponse inadéquate

Quant à la mission flash confiée à l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et à l’inspection générale des finances (IGF) pour analyser les flux financiers du circuit de distribution du médicament et qui doit remettre son rapport dans les trois mois, elle est le signe selon lui « d’une gouvernance politique affaiblie qui navigue en plein brouillard. Elle dénote même d’une réelle incompréhension des mécanismes économiques du médicament, qui sont pourtant d’une simplicité confondante. »

Frédéric Bizard exhorte donc la profession à conclure un accord équilibré avec les industriels, qui permettra de faire des « propositions ambitieuses au gouvernement, capables de renforcer le modèle économique des officines tout en répondant aux impératifs de santé publique. » En clair : « Il faut élargir le Répertoire des génériques, car le problème est aussi celui de l’offre, et surtout se préparer au grand marché à venir : celui des biosimilaires. D’ici 2030, une centaine de brevets vont tomber. C’est une opportunité considérable pour renforcer le rôle du pharmacien en ville. »

Favoriser le développement de ces marchés permettra par ailleurs au gouvernement « de mieux maîtriser la dépense en médicaments et ainsi dégager des ressources financières pour financer les innovations et soutenir le modèle économique de la pharmacie. » Syndicats et pharmaciens en sont, en tout cas, convaincus et réclament d’ores et déjà une refonte complète du modèle de rémunération officinale.

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