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Remises génériques : « des économies qui n’en sont pas ! »
Dans une tribune publiée sur son site Internet, l’économiste de la santé Frédéric Bizard dénonce la décision du gouvernement de réduire le plafond des remises sur les médicaments génériques. Selon lui, cette mesure n’allégera en rien les comptes de l’Assurance maladie.
Jusqu’à 500 millions d’euros de marges perdues par les pharmaciens d’ici 2026. Voilà le bilan économique que dresse Frédéric Bizard dans sa tribune parue le 24 août sur son site internet. « Cela représente 20 000 à 25 000 € en moyenne par pharmacie. Le sort n’est pas identique pour chaque pharmacie en fonction de sa localisation mais l’ordre de grandeur global est celui-ci », explique l’économiste de la santé. « Pour les 25 à 30 % de pharmacies déjà fragiles, le risque de fermeture est bien réel », continue-t-il.
Un marché de dupes
Et il ne s’arrête pas là : la baisse des remises sur les génériques relève, selon lui, d’une logique trompeuse. Elle ne générera aucune économie pour l’Assurance maladie, puisque « ce sont des marges sur les prix d’achat de pharmaciens (ou des groupements) aux industriels ». Pour lui, il s’agit là d’un « marché de dupes » : après avoir réduit les remises, l’État tentera de compenser en imposant aux industriels de nouvelles baisses de prix sur les génériques et médicaments matures. Une stratégie très risquée : « Tout rabot sur les prix de vente des médicaments matures fait peser un fort risque de rupture, car les industriels se retrouvent à vendre sans marge, voire à perte », alerte l’économiste.
La santé publique menacée
Entre inflation, baisse du prix des médicaments et désertification médicale, les officines sont déjà fragilisées. Le nombre de fermetures annuelles en atteste. « Ce maillon faible va craquer », prévient Frédéric Bizard. « L’argument d’une compensation par l’augmentation à 15 % du plafond des remises sur les biosimilaires ne tient pas », d’autant plus que le développement de ces médicaments est freiné par des lourdeurs administratives qui ralentissent leur substitution, limitant de fait leur développement.
« Le véritable enjeu réside dans une réforme de fond, plutôt qu’un rabotage », conseille l’économiste. Une réforme structurelle du financement et de la régulation du médicament. Son projet, largement médiatisé ces derniers mois, est disponible sur le site de l’Institut Santé. « Il est déjà connu et il est prêt », martèle Frédéric Bizard.
Se mobiliser
Pour finir, il insiste sur l’importance de la mobilisation des pharmaciens qui ont d’ores et déjà montré leur détermination au travers des grèves de garde et de la fermeture du 16 août. En résistant aujourd’hui, les pharmaciens défendent bien plus que leur modèle économique : ils défendent un pilier de l’accès aux soins en France. Prochain rendez-vous le 18 septembre pour la grève nationale. « Tenez bon ! », conclut Frédéric Bizard.
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