Remises génériques : l’arrêté est publié, 30 % en 2025, 25 % en 2026 et 20 % en 2027

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Remises génériques : l’arrêté est publié, 30 % en 2025, 25 % en 2026 et 20 % en 2027

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Publié le 6 août 2025 | modifié le 18 août 2025
Par Christelle Pangrazzi

Le nouvel arrêté du 4 août 2025 fixe les plafonds de remises commerciales sur les génériques, hybrides et biosimilaires. Derrière la trajectoire annoncée, une certitude : la baisse généralisée de la marge officinale.

L’arrêté du 4 août 2025, publié au Journal officiel du 6 août, confirme les grandes lignes déjà évoquées lors des discussions entre les syndicats et le gouvernement. Il fixe pour les trois prochaines années une trajectoire de baisse des remises, ristournes et avantages commerciaux que les laboratoires peuvent consentir aux officines sur les spécialités génériques, hybrides et biosimilaires.

À compter du 1er janvier 2028, le plafond sera définitivement figé à 20 % du prix fabricant hors taxes (PFHT), quel que soit le médicament concerné. Y compris les biosimilaires substituables, jusqu’ici soumis à des plafonds plus restrictifs. Une première dans la réglementation française.

Trois phases de repli encadrées

L’arrêté décline une période transitoire de 29 mois, avec des paliers progressifs :

– 1er septembre 2025 – 30 juin 2026 :
▪️ 30 % sur les génériques, hybrides et assimilés
▪️ 15 % sur les biosimilaires substituables

– 1er juillet 2026 – 30 juin 2027 :
▪️ 25 % pour les génériques et hybrides
▪️ 17,5 % pour les biosimilaires

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– 1er juillet – 31 décembre 2027 :
▪️ 20 % uniformisés sur l’ensemble des spécialités concernées

Ce cadre avait été présenté dès le mois de juin aux syndicats, à la suite de plusieurs échanges formels avec le ministère de la Santé et la Direction de la sécurité sociale, qui ont averti les représentants professionnels de l’inflexibilité de la trajectoire envisagée. Malgré les alertes chiffrées et les propositions alternatives, aucun compromis n’a été trouvé.

Une réforme qui ne s’équilibre pas

Certes, le plafond des biosimilaires est relevé par rapport au niveau transitoire de 15 %, mais l’éventail de médicaments biosimilaires disponibles à l’officine reste trop limité pour compenser la perte de marge sur les génériques. Le segment est encore émergent, et sa diffusion très inégale selon les territoires et les classes thérapeutiques.

En moyenne, les remises sur les génériques avoisinent encore 28 à 30 % dans les pharmacies d’officine. Le passage à 20 % entraînera donc une perte sèche de 8 à 10 points, difficilement rattrapable par des biosimilaires encore trop peu nombreux en pratique officinale.

Un rapport d’étape attendu pour mai 2026

L’article 6 de l’arrêté prévoit la remise, d’ici au 31 mai 2026, d’un rapport d’évaluation sur :

– les taux effectifs de remises réellement pratiqués ;

– l’impact sur la pénétration des génériques et biosimilaires ;

– les effets sur l’équilibre économique des officines.

Mais dans un climat de défiance croissante, peu de syndicats croient à une révision de la trajectoire, jugée « budgétairement verrouillée ».

Grève en août, mobilisation en septembre

Face à ce qu’ils qualifient de « démantèlement économique », les syndicats n’entendent pas rester spectateurs. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) a déposé un préavis de grève pour le 16 août, appelant les officinaux à fermer massivement leurs pharmacies et à se mobiliser en région. D’autres actions sont prévues tout au long du mois de septembre, avec des rassemblements intersyndicaux et des opérations de visibilité.

La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui a participé aux négociations, parlait, il y a encore quelques jours, d’un « passage en force » et appelle également à la mobilisation en vue du Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026, jugeant que les arbitrages budgétaires du gouvernement ignorent les alertes économiques et territoriales.

Biosimilaires : un levier encore insuffisant

Le gouvernement aligne le régime des biosimilaires sur celui des génériques : 15 %, puis 17,5 %, et enfin 20 %. Mais cette homogénéisation réglementaire ne compensera pas les pertes liées aux remises : les biosimilaires disponibles à l’officine ne couvrent aujourd’hui qu’un spectre limité de pathologies. Et leur manipulation suppose souvent des contraintes supplémentaires : prescription hospitalière, formation à la substitution, problématiques de stockage ou d’adhésion thérapeutique.

Une rentrée syndicale explosive

Entre la baisse des remises, la réduction des rémunérations sur objectifs de santé publique (Rosp), les réformes vaccinales, les tensions sur les effectifs, et une visibilité financière qui se dégrade, l’arrêté du 4 août cristallise les inquiétudes de toute une profession. Dès janvier 2028, aucune ligne produit ne pourra dépasser 20 % de remise.

La profession entre dans un cycle de confrontation. La suite se jouera désormais à l’Assemblée natioanle, au Sénat… et dans la rue.

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