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Remises génériques et biosimilaires : dix réponses pour comprendre le bras de fer en cours
Sous couvert d’une régulation budgétaire, le gouvernement s’apprête à bouleverser un pilier économique des pharmacies. Avant l’arbitrage de Matignon, retour sur les faits.
1. Pourquoi les remises commerciales ont-elles été instaurées ?
À partir des années 1990, les remises commerciales ont été autorisées pour favoriser la substitution générique. Objectif : permettre aux pharmaciens de compenser la baisse des prix par des négociations commerciales avec les laboratoires. Le dispositif a prouvé son efficacité et a permis des économies substantielles pour l’assurance maladie.
2. Quel poids les remises génériques représentent-elles dans l’économie officinale ?
Selon le cabinet CGP, elles représentent 30 % de l’excédent brut d’exploitation (EBE) des pharmacies. Contrairement à l’honoraire de dispensation ou à la marge réglementée, elles constituent un levier flexible et directement négociable. Toute réduction brutale a un effet immédiat sur la trésorerie.
3. Que prévoit l’arrêté du 6 mai 2025 ?
Le texte limite temporairement les remises génériques à 40 %, avec une application fixée initialement au 1er juillet, puis repoussée au 1er août 2025. Ce plafonnement s’inscrit dans le cadre de l’article L.138-9 du Code de la sécurité sociale. Une concertation sur le régime durable des remises devait suivre.
4. Qu’est-ce qui a précipité le durcissement gouvernemental ?
Le 18 juin 2025, le comité d’alerte sur l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) a estimé qu’il existait un risque sérieux de dépassement supérieur à 0,5 % de l’objectif national de dépenses. Le gouvernement a été sommé de trouver 100 millions d’euros d’économies immédiates. Dans ce contexte, les remises sont redevenues une variable d’ajustement budgétaire.
5. Que contient la proposition du ministère de la Santé dévoilée le 25 juin ?
Le ministère a proposé de fixer :
– un plafond de 20 % pour les remises génériques,
– une hausse à 15 % pour les remises biosimilaires (contre 2,5 % aujourd’hui).
Selon Julien Chauvin, président de la commission économique de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), cela reviendrait à « retirer 520 millions d’euros aux officines sur les génériques, pour leur en redistribuer 110 millions via les biosimilaires. »
6. Peut-on compenser la perte sur les génériques par la hausse sur les biosimilaires ?
La réponse est non. Pour Guillaume Racle, éluau bureau national de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), « les génériques concernent toutes les pharmacies. La substitution des biosimilaires n’est pas généralisée, les volumes sont bien moindres, et les freins à la prescription demeurent forts. »
7. Quels sont ces freins ?
La substitution de biosimilaires se heurte à plusieurs obstacles : prescriptions hospitalières peu standardisées, dispositifs injectables complexes, réticence de certains patient, et manque d’automatisation des substitutions. Pour Julien Chauvin, « nous avons atteint un plafond de substitution. Une remise, même plus attractive, ne suffira pas. »
8. Pourquoi cette mesure est-elle si explosive pour le réseau ?
Parce qu’elle touche à la structure même de la rémunération officinale. « Sous l’apparence d’un ajustement technique, le gouvernement s’attaque directement à l’équilibre économique du pharmacien, qui repose sur trois piliers : honoraire, marge dégressive et remise commerciale », alerte Julien Chauvin.
9. Quelle a été la réaction de la profession ?
Le 1er juillet, une journée de mobilisation s’est tenue à Paris, avec des grèves de gardes en région. La tension est maximale. Selon les syndicats, le texte final est désormais sur le bureau du Premier ministre, seul à même de trancher entre les positions divergentes de Bercy et du ministère de la Santé.
10. Que peut-on encore espérer à ce stade ?
Trois scénarios sont envisageables :
– maintien du plafond à 40 % et ouverture d’une négociation,
– passage en force à 20 % dès août,
– suspension de l’arrêté pour une réforme plus globale de la chaîne de valeur.
Pour Guillaume Racle, « ce qui devait être une bouffée d’air pour les pharmacies via les biosimilaires est devenu une contrepartie budgétaire imposée. C’est inacceptable. »
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