Assises du maillage : l’officine, une sentinelle en péril

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Assises du maillage : l’officine, une sentinelle en péril

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Publié le 26 juin 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Le Moniteur des pharmacies a dévoilé ce 24 juin une étude d’impact économique de la distension du maillage pharmaceutique. En cartographiant précisément les risques, elle permet de mieux comprendre la situation actuelle et d’envisager des mesures pour l’avenir grâce à ses projections jusqu’en 2030. Premier volet : l’impact de la désertification médicale sur l’officine.

En première ligne dans les territoires, les pharmacies incarnent aujourd’hui bien plus qu’un point de délivrance du médicament. Elles sont devenues de véritables sentinelles de santé pour une population vieillissante… À l’horizon 2030, plus de 21 % des Français auront plus de 65 ans. Ces patients, souvent concentrés dans les zones rurales ou périurbaines, cumulent pathologies chroniques et situations de dépendance. En parallèle, pourtant, la densité médicale s’effondre.

Une équation devenue intenable

Moins de médecins, moins d’ordonnances… et donc, moins de patients en officine. Cette dépendance à la médecine de ville rend le réseau officinal vulnérable, notamment en milieu rural. Le danger ? Un double décrochage : sanitaire et économique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

– 75,4 % du chiffre d’affaires HT des pharmacies repose encore sur la dispensation de médicaments à taux de TVA de 2,1 % (source : Rydge Conseil).

– une baisse de 20 % de la densité de médecins généralistes est associée à un taux de fermeture moyen de pharmacies de 12 à 16 % (source : Iqvia).

– un tiers des généralistes a plus de 60 ans : les départs s’accélèrent, les remplaçants manquent.

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– 30 % des Français vivent aujourd’hui dans une zone médicalement sous-dotée (source : Drees).

Des missions qui peinent à compenser

Afin de contrebalancer ces pertes financières, les pharmaciens élargissent leur champ d’action : vaccination, dépistage, accompagnement des malades chroniques… Mais ces nouvelles missions peinent à générer des revenus suffisants. Le contexte est en effet rude avec :

– une baisse continue des prix des médicaments remboursables.

– un encadrement strict des prescriptions par l’Assurance maladie.

– la montée en puissance de la déprescription.

Vers une solidarité territoriale obligatoire

Face à ce déséquilibre grandissant, l’État propose une solution : organiser la solidarité des médecins installés dans les zones suffisamment dotées. Le Premier ministre François Bayrou a ainsi annoncé, en avril dernier, dans son Pacte de lutte contre les déserts médicaux, la mise en place d’un dispositif imposant aux praticiens de consacrer jusqu’à deux jours par mois dans les territoires les plus prioritaires Une mesure qui vise à enrayer la désertification médicale, mais qui ne règle pas la question de la pérennité économique des officines.

– 10,8 % des intercommunalités présentent un fort indice de vulnérabilité (faible densité de médecins généralistes).

– 2 226 000 habitants vivent dans ces zones sous dotées.

– la densité médicale est divisée par deux entre les zones rurales et les métropoles.

Sans soutien, les pharmacies isolées continueront de disparaître. Dans son Livre blanc, dévoilé également lors des Assises du maillage, le Moniteur des pharmacies soumet 20 propositions pour sauver l’officine et les soins de proximité. La résilience du réseau ne se décrète pas : elle se construit politiquement, économiquement et professionnellement.

Voir notre dossier spécial Maillage pharmaceutique