Démographie pharmaceutique : des effectifs en progression, un maillage tendu selon la Drees

Au 1^er janvier 2024, la France compte 74 227 pharmaciens en activité, soit une hausse de 1,2 % sur un an. Leur âge moyen s’établit à 46,5 ans et leur densité nationale atteint 108,46 pharmaciens pour 100 000 habitants. Ces trois indicateurs restent relativement stables sur la dernière décennie, mais leur lecture globale masque de fortes disparités régionales.

Les zones rurales ou périurbaines enregistrent des difficultés croissantes de remplacement et de maintien d’activité, malgré la stabilité apparente des effectifs. Le phénomène s’explique par une combinaison de facteurs : vieillissement de la population professionnelle, désaffection pour les zones sous-dotées, concurrence accrue dans les zones urbaines, et recomposition économique autour de groupes d’investissement.

Ces déséquilibres peuvent menacer le déploiement des nouvelles missions officinales, notamment celles sur lesquelles le plan de lutte contre les déserts médicaux insiste (vaccination, dépistage, consultations de prévention), qui nécessitent un maillage territorial solide.

Médecins : toujours majoritaires mais vieillissants

Avec 233 400 médecins en activité au 1^er janvier 2024, la profession reste la plus représentée, avec une progression annuelle de 1,4 %. Mais les défis sont similaires à ceux des pharmaciens : répartition territoriale déséquilibrée, vieillissement des effectifs, attractivité en berne dans certaines spécialités. L’âge moyen dépasse désormais 51 ans, et plus d’un quart des médecins sont âgés de 60 ans ou plus, selon les précédentes éditions du rapport de la Drees.

La Drees fournit pour cette profession une photographie détaillée : répartition par spécialité, mode d’exercice, sexe, âge, région de diplôme et d’exercice, ainsi que nombre d’activités déclarées par praticien. Ce niveau de granularité permet d’identifier clairement les tensions en médecine générale, pédiatrie, gynécologie ou psychiatrie.

Professions paramédicales : hausse dynamique des effectifs

Les sages-femmes affichent la plus forte hausse annuelle, avec + 4,3 % et 25 400 professionnelles en activité. Suivent les kinésithérapeutes (+ 3,6 %, soit 104 200 actifs), puis les pédicures-podologues (+ 1,7 %, 14 200 professionnels), et les chirurgiens-dentistes, qui atteignent 45 800 praticiens, en progression de 1,2 %.

Là aussi, les chiffres globaux ne doivent pas masquer les inégalités d’accès aux soins : les tensions territoriales sont présentes dans toutes les professions. La concentration des professionnels dans les métropoles fragilise le suivi des patients dans les territoires moins denses.

Un outil indispensable pour piloter les politiques de santé

Ces données, disponibles depuis 2012 pour la plupart des professions (et depuis 2017 ou 2018 pour les professions basculées d’Adeli vers le RPPS), sont désormais publiées dans un format interactif sur data.drees.solidarites-sante.gouv.fr. Elles permettent une analyse multi-échelle par département, région, genre, tranche d’âge, spécialité et secteur d’activité.

En pleine réforme de l’organisation territoriale des soins, ces indicateurs sont plus que jamais nécessaires pour cibler les zones de fragilité, évaluer l’impact des politiques d’incitation à l’installation et orienter les efforts de régulation.

Des Assises pour agir sur l’avenir du maillage pharmaceutique

L’homogénéité de la répartition démogéographique des officines est l’un des piliers du modèle pharmaceutique français. Présentation d’un livre blanc riche de propositions pour optimiser la présence des officines sur le territoire au service des patients, étude de projection économique pour évaluer les conséquences d’une dérégulation… Les Assises du maillage pharmaceutique, organisées par Le Moniteur des pharmacies se dérouleront le 24 juin 2025 à l’Institut Pasteur (Paris).

Pour participer à cette initiative concernant l’ensemble des acteurs (officinaux, syndicats, groupements, grossistes-répartiteurs, industriels du médicament, collectivités locales, payeurs publics et privés, prestataires bancaires, etc.), l’inscription est gratuite.