Trop de médecins en 2040 ?

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Trop de médecins en 2040 ?

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Publié le 23 avril 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Vendredi, François Bayrou annoncera des mesures destinées à faire face aux déserts médicaux. Le Conseil de l'Ordre des médecins s'inquiète : les généralistes pourraient être trop nombreux d'ici 15 ans.

À l’heure où de nombreux déserts médicaux demeurent, l’alerte adressée par l’Ordre des médecins a de quoi surprendre : « Cette année est marquée par la hausse significative du nombre de médecins en activité au 1er janvier 2025 : + 1,7 % par rapport à l’année précédente. Cette tendance devrait s’accélérer dans les prochaines années, la population médicale devant croître de 2 % par an au moins jusqu’en 2040. Cela porterait le nombre de médecins à plus de 315 000, alors que selon l’INSEE la population française n’augmentera plus avec la poursuite de son vieillissement. La question, contre-intuitive pour l’opinion publique et les pouvoirs politiques, est donc de savoir si la France ne va pas former trop de médecins », souligne Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Conseil National de l’Ordre des médecins, en charge de la démographie médicale.

Moins de travail

À quelques jours de l’annonce que doit faire le Premier Ministre François Bayrou, sur les moyens supplémentaires pour former davantage de médecins, la mise en garde sera-t-elle entendue ? L’Ordre des médecins demande au gouvernement de rediscuter le nombre de médecins à former, mais déjà Thomas Fatome, directeur général de la Cnam, « appelle à la plus grande prudence celles et ceux qui disent qu’on va avoir trop de médecins dans quinze ans ». Le taux de féminisation de la profession – actuellement de 52,6 % – ne cesse en effet d’augmenter atteignant même 58 % dans certains départements, or les femmes médecins généralistes travaillent 8 demi-journées par semaine contre 8,5 pour leurs homologues masculins. De même, l’approche du métier par les jeunes est à prendre en considération, les moins de 40 ans travaillant 8,1 demi-journées par semaine contre 8,9 pour les plus de 60 ans (chiffres Conseil national de l’ordre des médecins et Collège de médecine générale). Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l’accès aux soins, va même plus loin : « les jeunes médecins, qui pour beaucoup choisissent aujourd’hui le salariat, travaillent 2,3 fois moins en nombre d’heures que leurs aînés ». L’augmentation du nombre total de médecins ne peut donc être analysée par un seul prisme et freinée outre mesure. Alors que de nombreux déserts médicaux demeurent et que six millions de Français n’ont pas de médecin traitant, les annonces que fera François Bayrou vendredi sont très attendues.

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