Un bébé à tout prix

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Publié le 2 octobre 2012
Par Annabelle Alix
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Maman de deux enfants issus de la procréation médicalement assistée, Magalie Serries a souhaité s’investir, au sein de l’officine où elle travaille, auprès des femmes en quête de grossesse.

« Ma volonté de soulager la souffrance des autres m’a poussée à devenir préparatrice. » Après l’obtention de son BP en 2006, Magalie a creusé son trou au sein d’une petite officine de Grasse (06) à l’esprit familial. « Notre force, c’est la solidarité », se plaît-elle à répéter. Son titulaire, particulièrement investi auprès des personnes âgées, avait mis des fauteuils à leur disposition. Magalie s’en sert désormais pour s’entretenir avec des patientes ayant recours à la procréation médicalement assistée (PMA). « Durant les quatorze premiers jours de traitement ovarien, la vie de ces femmes est rythmée par les contraintes médicales, explique la préparatrice. On leur injecte quotidiennement des doses considérables d’hormones, qui les rendent irritables et les épuisent. Au terme de ces quatorze jours, on déclenche leur ovulation. Puis, c’est l’attente. » C’est à ce moment que Magalie intervient.

Le soutien de femmes en souffrance

Le « parcours du combattant » de la PMA, comme elle l’appelle, Magalie l’a vécu et le connaît par cœur. Les femmes en quête de grossesse sont, selon elle, « en état de souffrance morale intense. Désarroi, ras-le-bol et désespoir sont chez elles des sentiments récurrents. Patience et persévérance sont leurs meilleures armes, mais elles ont besoin d’être soutenues et encouragées pour ne pas abandonner ». Elle-même a dû suivre son traitement durant un an avant de tomber enceinte de son deuxième enfant. « La PMA plonge également les femmes dans un état de souffrance physique », ajoute-t-elle. Un « calvaire » dont ses collègues ont été les témoins, et son titulaire, l’un des acteurs, en lui administrant ses injections ! « Le traitement engendre de nombreux effets indésirables, dont on ne prend la véritable mesure que lorsqu’on le suit », confie Magalie. Son expérience personnelle l’aide clairement à ouvrir le dialogue avec la patiente qui lui semble en avoir besoin : « Je commence par lui poser quelques questions. Si nécessaire, je lui parle de mon expérience pour la mettre à l’aise. Je lui propose ensuite de s’asseoir un moment, de discuter avec elle autour d’un café et je prends alors le temps qu’il faut pour l’écouter. »

Un service pensé et organisé

Ce service n’aurait pu voir le jour sans l’ouverture d’esprit du titulaire, « qui m’encourage dans chacune de mes initiatives, se réjouit Magalie. Il part du principe que si les gens se sentent bien chez nous, ils reviendront ». Un pari gagné. « Certaines femmes ont découvert notre officine à l’occasion d’une garde, et reviennent, malgré le fait qu’elles habitent loin », relève la préparatrice. Pour avoir vécu l’expérience de Magalie en direct, l’équipe officinale est plus que sensibilisée à la question de la PMA. Les collègues pallient donc l’absence de la préparatrice au comptoir le temps de ses entretiens, et prennent parfois le relais de l’écoute lorsqu’elle est absente. Quand un traitement porte finalement ses fruits chez l’une des patientes, la pharmacie est très souvent contactée. « Notre officine est entrée dans les mœurs comme étant un lieu d’écoute et de partage », conclut Magalie. Une particularité qui ne la détourne pas de ses objectifs de vente : « j’adore la para et j’adore vendre, confie la préparatrice. On est là avant tout pour faire du chiffre et faire tourner l’officine, mais cela ne nous empêche pas de développer des services en parallèle. Toutes les pharmacies devraient fonctionner ainsi ! »

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Magalie Serries

Âge : 44 ans

Lieu d’exercice : pharmacie Viale à Grasse (06)

Ce qui la motive : redonner le sourire, transmettre sa bonne humeur et faire du chiffre !

Si vous étiez un titulaire ?

Un titulaire fédérateur, très porté sur le challenge, l’échange et l’équité au sein de son équipe.

Si vous étiez un client ?

Un client un peu fou fou, en quête de la dernière nouveauté « minceur », très exigeant sur l’accueil et en attente de conseils.

Si vous étiez un médicament ?

Un antistress, ou un médicament pour parer aux conséquences physiques de la suractivité, du surinvestissement et du manque de temps.