Remises génériques : pour gagner la guerre, il faut gagner l’opinion

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Remises génériques : pour gagner la guerre, il faut gagner l’opinion

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Publié le 29 juillet 2025
Par Ophélie Milert

Suite à un webinaire exceptionnel organisé ce jour par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), un point a été fait sur les actions à engager pour maintenir la mobilisation des pharmaciens jusqu’à la grande journée de grève nationale prévue le 18 septembre 2025.

Lors d’un webinaire organisé ce 29 juillet 2025, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a alerté sur une décision gouvernementale perçue comme une rupture de l’accord conventionnel. L’État entend appliquer un nouveau modèle économique qui favoriserait, selon les syndicats, l’industrie pharmaceutique au détriment des pharmacies de proximité.

Le projet prévoit notamment un taux de rémunérationen % à 30-15 aujourd’hui et 20-20 dès le 1er janvier 2027, contre un objectif syndical de 40-15. Une mesure dénoncée comme un choix de société assumé, sacrifiant les officines indépendantes à une logique industrielle.

Des tentatives de négociation

Face à cette annonce, plusieurs tentatives de compromis ont émergé :

– 16 juillet : proposition gouvernementale à 30-15, refusée par les syndicats.

– 23 juillet : nouvelle proposition à 33-15 avec lancement d’une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), couplée à un taux cible à 20-20 pour 2027. Refusée par les syndicats.

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– 24 juillet : la FSPF a travaillé sur « plan pharmacie », intégrant un taux de 34-15 et l’abandon du 20-20. Mais celui-ci n’a pas trouvé d’accord entre les partenaires (Union des syndicats de pharmaciens d’officine – USPO, groupements) et le gouvernement. Le ton monte : la FSPF évoque une politique du pire. Pour elle, l’État pousse la profession à la rébellion.

Une mobilisation déjà en marche

La mobilisation est à la fois intersyndicale (FSPF, USPO…) et interprofessionnelle (entre professions de santé). Elle s’appuie sur un calendrier stratégique :

– Grève de la permanence des soins.

– Grève du tiers payant pendant les réquisitions (grève japonaise bien perçue par les patients).

– 18 septembre : grève nationale avec fermeture des officines et manifestations partout en France.

– 27 septembre et tous les samedis suivants : grèves du samedi pendant le débat parlementaire du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

– à l’automne : grève de la prescription des doses administrées en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

L’USPO envisage un passage aux 35 heures hebdomadaires. Le syndicat a confirmé étudier une réduction du temps d’ouverture des officines, dans le but de sensibiliser la population aux conséquences directes de la baisse de personnel et de mettre en lumière l’impact sociétal qu’impliqueraient de telles restrictions économiques. Des précisions devraient être communiquées dans les prochains jours.

Et le 16 août ?

La grève du 16 août a été évoquée, mais son efficacité est remise en question. Philippe Besset ne la retient pas personnellement, estimant qu’elle manque de visibilité en pleine période estivale. Ce point reste à discuter lors de l’Assemblée générale extraordinaire de demain.

Autres idées rejetées : refus de délivrer les médicaments au-delà de 1 900 €. Trop risqué pour l’image publique. La FSPF insiste : l’opinion publique et les associations de patients doivent rester des alliés, comme cela est le cas dans le combat contre l’extension des franchises médicales.

Cap sur l’opinion publique et la rentrée parlementaire

La bataille du 1er août est considérée comme perdue : le décret imposant le 30-15 doit paraître au Journal officiel dès jeudi ou vendredi. Mais la guerre continue. Objectif : faire pression sur le Parlement dès sa rentrée mi-septembre pour introduire un amendement dans le PLFSS visant un retour au 40-15.

La FSPF mise désormais sur l’opinion publique, qu’elle considère comme un élément clé du rapport de force : « Pour gagner la guerre, il faut gagner l’opinion. »