Baisse des remises génériques : les pharmaciens passent à l’action 

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Baisse des remises génériques : les pharmaciens passent à l’action 

Publié le 23 juin 2025 | modifié le 24 juin 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
Après l'annonce du ministère de la Santé de plafonner les remises commerciales sur les médicaments génériques à 25 %, le syndicat USPO durcit le ton. Grève illimitée des gardes, manifestations, suspension des dispensations de médicaments chers… Le bras de fer commence.

L’attaque frontale dénoncée dès vendredi par l’USPO ne sera pas restée longtemps sans réponse. Alors que les représentants du ministère de la Santé ont proposé de réduire de moitié les remises commerciales sur les médicaments génériques, en les plafonnant entre 20 % et 25 %, contre environ 40 % actuellement, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines a réuni, cette après-midi, son conseil d’administration, afin d’établir une liste d’actions revendicatives. « Nous avons vécu l’annonce de la baisse des remises comme une véritable déclaration de guerre qui signe la mise à mort d’une partie des officines françaises. Nous ne laisserons pas cela se faire ! », rugit Pierre-Olivier Variot, président du syndicat. D’autant plus que le plafond serait également étendu aux médicaments hybrides.

Grèves et manifestations 

Une grève des gardes illimitée commencera dès mercredi, afin de marquer le début d’un bras de fer qui s’annonce acharné. « Un préavis de grève, renouvelable de façon illimitée, concerne les pharmacies adhérentes à notre syndicat ainsi que toutes les pharmacies volontaires, à compter du mercredi 25 juin 2025 à minuit, pour une durée de 14 jours. Il s’agit de dénoncer l’impact économique immédiat de la baisse des remises », précise le responsable. Si les lignes ne bougent pas du côté du ministère de la Santé, la grève sera reconduite.

« Nous prendrons bien sûr part à la grande manifestation du 1er juillet qui marquera la mobilisation de l’ensemble des professionnels de santé concernés », poursuit Pierre-Olivier Variot. L’annonce de la baisse des remises rejoint en effet la suspension unilatérale par l’Assurance maladie des revalorisations d’honoraires contenues dans les accords conventionnels des médecins, kinésithérapeutes et chirurgiens-dentistes qui devaient s’appliquer début juillet. S’ajoutera une seconde manifestation en septembre, uniquement à Paris, où pharmaciens, patients et autres professionnels seront attendus en masse pour faire pression sur le gouvernement.

Les patients aussi victimes

L’USPO souhaite par ailleurs sensibiliser les patients aux problématiques à venir. « Nous allons mettre au point une affiche qui sera placardée dans les officines afin d’expliquer que l’État détruit notre métier. Au bout du compte, il est évident que les patients vont en pâtir car nous n’aurons plus la possibilité de leur rendre autant de services qu’aujourd’hui si cette baisse se confirme », poursuit Pierre-Olivier Variot. Un modèle de lettre sera également transmis à tous les salariés des pharmacies afin d’inonder le ministère de courriers de mécontentement. « Pour aller plus loin, et montrer qu’aucun avenir ne nous est possible sans ces remises, notre conseil d’administration a acté la fin des contrats d’apprentissage en pharmacie : nous honorerons les contrats actuels et ceux qui sont déjà validés pour les prochains mois, mais nul besoin de signer de nouveaux contrats si au final nous ne pouvons pas proposer de travail à ces jeunes », précise Pierre-Olivier Variot.

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Perte brute

Enfin, une grève portant sur la dispensation de médicaments chers est en réflexion. « En l’absence de mesures urgentes permettant de maintenir la viabilité économique du réseau officinal dans un contexte d’inflation forte et de charges croissantes, il faut que le message soit clairement entendu. Nous allons voir de quelle façon nous pouvons juridiquement mettre en place cette action et nous la lancerons dès que possible. »

Lors de la signature de l’avenant 1 à la convention nationale pharmaceutique, Frédéric Valletoux, alors ministre de la Santé, avait assuré que seules les remises sur les biosimilaires seraient concernées par une régulation complémentaire. « C’est une promesse bafouée dont la perte est évaluée à plusieurs centaines de millions d’euros pour le réseau. »

La Fédération des syndicats de pharmaciens de France (FSPF) tiendra, de son côté, un conseil d’administration exceptionnel mercredi, afin de déterminer la façon dont elle entrera elle aussi dans le combat.