Remises génériques : les 30 % c’est pour septembre, un sursis d’un mois… et une colère intacte

© Getty Images/iStockphoto - The Emotional of Woman Scientist: Don't Understand

Remises génériques : les 30 % c’est pour septembre, un sursis d’un mois… et une colère intacte

Réservé aux abonnés
Publié le 1 août 2025 | modifié le 13 août 2025
Par Christelle Pangrazzi
Mettre en favori

Le plafonnement des remises génériques à 30 % (et 15 % pour les biosimilaires) entrera finalement en vigueur le 1er septembre 2025. Cette décision de Matignon, transmise discrètement aux syndicats le 1er août au matin, suscite une forte mobilisation. Des syndicats appellent à une grève massive le 16 août.

« Matignon a arbitré : ce sera 30-15. Mais ce sera repoussé au 1er septembre », confie Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). L’information, transmise via un SMS émanant de la cellule ministérielle, ne laisse selon lui aucun doute : le gouvernement maintient le plafonnement des remises, mais décale son entrée en vigueur peut-être pour contourner l’agitation estivale. Jusqu’au 1er septembre 2025, le plafond de remise reste donc fixé à 40 % pour les génériques, conformément au régime en vigueur.

Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), se montre plus prudent : « Pour l’instant, ce n’est qu’un SMS. J’attends une confirmation officielle. »

« Le gouvernement a pris l’arbitrage, c’est à lui d’assumer derrière », martèle-t-il, dénonçant une décision imposée sans dialogue et sans étude d’impact économique.

16 août : l’appel à la grève maintenu

L’USPO maintient son appel à la grève pour le 16 août, avec le soutien de plusieurs élus syndicaux. « Alain Grollaud est avec moi pour faire la grève », précise Pierre-Olivier Variot, qui se montre déterminé à faire entendre la voix des officinaux. Une réunion intersyndicale est prévue dans la journée du 1er août afin de coordonner les actions et, potentiellement, publier un communiqué commun.

Publicité

Au cœur de cette mobilisation : une affiche de l’USPO largement diffusée, invitant les pharmaciens à interpeller les patients depuis leurs vitrines. « J’espère que ça dépassera le cadre de l’USPO. Elle doit être placardée partout », insiste-t-il.

Un signal politique à décrypter

Pour l’USPO, ce report au 1er septembre n’est pas un compromis, mais une manœuvre politique visant à désamorcer la contestation en août sans répondre aux griefs de fond. « Ce n’est pas un geste d’apaisement, c’est une stratégie de contournement », estime Pierre-Olivier Variot, qui refuse de voir l’économie officinale sacrifiée sur l’autel d’une logique budgétaire opaque.

Il note par ailleurs l’absence de position publique de la part des représentants de l’industrie du générique. « Je n’ai pas entendu le Gemme une seule fois. »

Une fracture assumée avec l’exécutif

Pour le président de l’USPO, la décision de plafonner les remises sans concertation marque une rupture profonde entre l’État et les pharmaciens. Il s’interroge sur la cohérence d’une politique qui prétend défendre le maillage officinal tout en rognant une part essentielle de sa rentabilité.

« Moi, je veux charger le gouvernement », insiste-t-il, revendiquant une ligne syndicale offensive. Et de conclure, amer : « C’est à eux d’assumer. »

Sur le même sujet…
UDGPO : « Le tout honoraire serait un suicide pour la profession »
Les baisses de TFR et de prix annulées dix jours après leur entrée en vigueur
Génériques : « À présent aux industriels de jouer le jeu »