Stocker des génériques avant la baisse des remises ? Pourquoi le pari est risqué

© Shutterstock

Stocker des génériques avant la baisse des remises ? Pourquoi le pari est risqué

Publié le 21 juillet 2025 | modifié le 22 juillet 2025
Par Christelle Pangrazzi
Mettre en favori

À l’approche du plafonnement des remises commerciales sur les génériques, Philippe Besset alerte les officinaux sur les dangers d’un stockage opportuniste. Entre incertitude réglementaire et risque économique, le président de la FSPF appelle à la prudence.

« Stocker des génériques avant l’entrée en vigueur du nouveau plafond ? C’est un coup de bourse, et je n’aime pas donner ce genre de conseils. » Devant les pharmaciens réunis pour le 13 h 45 live de la FSPF le 20 juillet, Philippe Besset a coupé court aux spéculations. Alors que Matignon a confirmé la baisse du plafond des remises sur les génériques de 40 % à 30 %, nombre d’officinaux s’interrogent sur la pertinence d’anticiper en remplissant leurs rayons.

Mais l’affaire est loin d’être aussi simple. « À ce jour, nous n’avons aucun texte officiel », rappelle le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). La date d’entrée en vigueur du nouvel arrêté demeure floue : 1er août, 1er octobre ou 1er janvier ? Rien n’est acté.

Un risque financier majeur sur la valorisation des stocks

Au-delà de l’incertitude réglementaire, la stratégie du stockage fait peser un autre danger sur les officines : celui de la dévalorisation des stocks. La réforme gouvernementale prévoit en effet une baisse des prix des génériques, censée accompagner le plafonnement des remises.

« Acheter aujourd’hui au prix fort des produits qui verront leur prix baisser demain, c’est courir le risque de pertes sur l’écoulement des stocks », avertit Philippe Besset. Une logique implacable : plus les prix baisseront, plus les officines risquent de vendre à perte les boîtes achetées avant réforme.

Publicité

Une mesure jugée injuste, inefficace… et économiquement dangereuse

L’arbitrage annoncé par Matignon, plafond à 30 % sur les génériques et à 15 % sur les biosimilaires, représente, selon la FSPF, une perte sèche de 250 millions d’euros pour les officines françaises. Les éventuelles compensations promises par la montée en puissance des biosimilaires restent, elles, très hypothétiques.

Pire, la mesure frappera davantage les officines rurales et de proximité, moins concernées par la dispensation de biosimilaires. « C’est un coup de grâce pour les pharmacies déjà fragilisées », alerte Philippe Besset.

La mobilisation s’organise pour la rentrée

La FSPF, aux côtés de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO), de l’Union nationale des pharmaciens de France (UNPF) et des groupements, entend durcir le ton. Dès septembre, plusieurs actions coordonnées sont prévues : grève des gardes, fermetures des officines le 18 septembre, puis chaque samedi à compter du 27 septembre, accompagnées de campagnes d’affichage, de tracts et de pétitions.

Autre menace brandie : l’arrêt des préparations de doses administrées (PDA) en EHPAD, si le gouvernement ne recule pas sur les remises.

Un mandat clair : pas de réforme perdante pour les pharmacies

« Mon mandat, c’est 40 % sur les génériques et le meilleur pourcentage possible sur les biosimilaires. Nous n’avons jamais signé de réforme perdante et nous ne commencerons pas aujourd’hui », martèle Philippe Besset.

Si une nouvelle proposition devait émerger de Matignon, le président de la FSPF promet de reconvoquer l’Assemblée générale pour trancher. En attendant, il maintient la pression. « Soit le gouvernement écoute, soit nous irons jusqu’au bout. »

Sur le même sujet…
UDGPO : « Le tout honoraire serait un suicide pour la profession »
Les baisses de TFR et de prix annulées dix jours après leur entrée en vigueur
Génériques : « À présent aux industriels de jouer le jeu »