Remises génériques : les industriels sur la défensive, les pharmaciens sceptiques

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Remises génériques : les industriels sur la défensive, les pharmaciens sceptiques

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Publié le 23 septembre 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Dans un communiqué publié le 22 septembre, le Gemme assure n’avoir pas été partie prenante de la baisse du plafond des remises génériques. L’organisation des industriels du médicament générique et biosimilaire concentre l’essentiel de son argumentaire sur l’excessive régulation des prix, qu’elle juge nuisible à la fois aux laboratoires et aux pharmaciens. Mais cette posture défensive peine à convaincre une profession qui soupçonne certains acteurs d’avoir soutenu, en coulisses, l’abaissement des plafonds.

Selon le Gemme, qui réunit 27 entreprises, la réforme des plafonds de remises sur les génériques n’est que la conséquence du dépassement de l’objectif national des dépenses d’Assurance maladie (Ondam) fixé en 2024. Il s’agit de l’enveloppe annuelle destinée à contenir les dépenses de santé. Le communiqué insiste : « notre organisation n’a pas été partie prenante de leur définition ».

Le texte concentre l’essentiel de son propos sur la régulation jugée excessive des prix :

– les économies exigées par le comité économique des produits de santé (CEPS) en 2025 atteignent + 230 M€, un record ;

– les prix français sont 40 % inférieurs à la moyenne européenne ;

– la viabilité de « centaines de spécialités substituables » serait désormais menacée.

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Pour illustrer l’importance du secteur, le Gemme rappelle que les génériques et biosimilaires génèrent 2,5 milliards d’euros d’économies annuelles, concernent 28 millions de patients, et coûtent en moyenne 0,10 € par comprimé.

Une réception mitigée côté pharmaciens

Si le communiqué se veut rassembleur en soulignant la complémentarité entre pharmaciens et industriels, il ne dissipe pas les soupçons.

Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) y voit une possible ouverture : « Si le GEMME appelle au rétablissement du taux de 40 %, c’est très bien et ça permettra d’avancer », dit-il, tout en estimant le texte « pas super clair ».

Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), lui, se montre plus catégorique : « Le Gemme dit, la main sur le cœur, que ce n’est pas lui [qui a pesé sur les remises]. Je suis quasiment certain que ce n’est pas vrai. »

Une défiance qui illustre la fracture persistante entre industriels et syndicats, malgré leur intérêt commun à préserver un secteur substituable déjà fragilisé.

Une régulation paradoxale

Ce débat met en lumière une contradiction française : les génériques sont présentés depuis vingt ans comme un pilier de la soutenabilité de l’Assurance maladie, mais demeurent traités comme une simple variable d’ajustement budgétaire. En privilégiant la baisse des marges plutôt que l’extension des volumes, l’État affaiblit à la fois l’économie officinale et la compétitivité industrielle.

Le Gemme avance deux pistes : miser sur les volumes pour rattraper le retard français dans la pénétration des génériques et biosimilaires, et valoriser les actes des pharmaciens afin de pérenniser l’officine et réduire les inégalités territoriales. Reste à savoir si le gouvernement acceptera de substituer à la logique de rabot une véritable stratégie de long terme.

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