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Remises génériques : la bataille se déplace au Parlement
Après la grève du 18 septembre, les syndicats déplacent la confrontation sur le terrain législatif. Objectif : obtenir, via le PLFSS, l’abrogation de l’arrêté du 4 août et le rétablissement d’un plafond de remises plus favorable aux officines.
Le 4 août dernier, le décret abaissant les plafonds de remises commerciales à 30 % pour les génériques et 15 % pour les biosimilaires est entré en vigueur. Pour les syndicats, ce texte marque un tournant économique dangereux : « À ce niveau, nous parlons d’un coup porté à la viabilité de centaines d’officines », répète Philippe Besset, président de la FSPF. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) est sur la même ligne, dénonçant un dispositif « déconnecté de la réalité économique ».
Du comptoir à l’hémicycle
Après la mobilisation dans la rue le 18 septembre dernier, place à la bataille parlementaire. Julien Chauvin, président de la commission études et stratégie économiques à la FSPF, l’affirme : « Nous faisons campagne pour que les députés votent notre amendement au prochain PLFSS. » Le texte vise à restaurer un plafond de 40 % pour les génériques et 20 % pour les biosimilaires, soit les niveaux antérieurs. À l’USPO, des juristes travaillent en parallèle sur une proposition identique.
Le rapport de force est clair : obtenir la majorité absolue à l’Assemblée, soit 289 voix, dans une configuration politique incertaine. Le souvenir du PLFSS 2025 reste vif : retardé de deux mois en raison de la motion de censure contre Michel Barnier, il a montré combien le calendrier pouvait basculer à tout moment. La démission du gouvernement Bayrou risque d’aggraver cette instabilité.
Un enjeu vital pour les marges
Pour les pharmaciens, la question n’est pas technique mais vitale. Les remises commerciales représentent une part essentielle de l’équilibre économique des officines. Leur plafonnement brutal menace le maillage, notamment en zones fragiles où les marges sur les génériques compensent l’érosion des volumes. Selon la FSPF, la perte pourrait atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros par pharmacie.
Philippe Besset n’hésite pas à dénoncer une « politique à courte vue », qui met en péril la survie du réseau officinal. Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, ajoute : « On ne peut pas fragiliser à ce point les pharmacies au moment même où l’on leur demande de prendre en charge de nouvelles missions. »
Le Parlement comme dernier recours
En l’absence de dialogue constructif avec l’exécutif, le Parlement apparaît désormais comme l’ultime recours. Les syndicats multiplient les contacts avec les députés et les sénateurs pour obtenir un soutien transpartisan. L’argument est simple : sans marges suffisantes, le réseau officinal ne pourra ni absorber ses charges, ni assurer de nouvelles missions, ni maintenir le maillage territorial.
Les pharmaciens espèrent que le contexte politique nouveau et la volonté affichée par le Premier ministre Sébastien Lecornu de marquer une « rupture » ouvrira une fenêtre d’opportunité. Mais rien n’est acquis. Entre impératif d’économies budgétaires et nécessité de préserver l’équilibre des officines, le bras de fer ne fait que commencer.
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