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Les remises à 40 % sur les génériques vont-elles être remises en cause ?
« C’est une machine à tuer les pharmacies en milieu rural. Et même toutes les pharmacies, à terme. Si on fait chuter les remises, on déséquilibre complètement le maillage officinal », alerte Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). L’arrêté publié au Journal officiel le 14 mai 2025 formalise une pratique bien ancrée dans les relations commerciales entre laboratoires et pharmaciens : des remises jusqu’à 40 % sur les spécialités génériques. Le texte abroge l’arrêté du 22 août 2014, qui fixait encore théoriquement le plafond à 30 %.
« Il n’y a rien de nouveau dans ce chiffre : c’est ce qu’on pratique déjà. L’État acte simplement une situation de fait », explique Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Ce plafond s’applique désormais, par année civile et par ligne de produits, au prix fabricant hors taxes. Une clarification bienvenue, mais qui cache un mécanisme de pression plus subtil.
Une extension aux TFR, sous conditions
L’arrêté élargit également l’application du taux de 40 % aux spécialités de référence soumises à un tarif forfaitaire de responsabilité (TFR), même lorsqu’il ne s’agit pas de génériques.
« Les industriels du princeps dénonçaient une distorsion de concurrence. Leurs produits sous TFR n’étaient pas remisés à 40 % comme les génériques. C’est corrigé avec ce texte », commente Pierre-Olivier Variot.
Mais cette mesure d’apparence technique est strictement bornée dans le temps : les dispositions ne s’appliqueront que jusqu’au 1er juillet 2025.
Un compte à rebours sous pression politique
Cette date-butoir coïncide avec l’ouverture d’une concertation sur le cadre des remises pour les génériques et biosimilaires, amorcée dans le sillage de la réforme de l’article L. 138-9 du Code de la sécurité sociale, votée dans la Loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025.
« C’est un levier de pression. On nous dit : “vous avez jusqu’au 1er juillet pour vous entendre. Sinon, on décidera seuls” », prévient Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Le risque est clair pour les syndicats : faute d’accord d’ici à l’été, le plafond pourrait revenir à 30 %, voire tomber plus bas encore, au détriment direct des marges des officines.
Un levier économique menacé
« Cette question est fondamentale pour l’équilibre économique du réseau. Mal traitée, elle peut remettre les pharmaciens dans la rue », insiste Philippe Besset, en rappelant que « ce n’est pas une négociation. C’est une concertation. Le gouvernement peut ignorer notre avis. »
Il est exact que la concertation annoncée n’engage pas juridiquement : aucune signature n’est prévue. Ce qui signifie que le gouvernement garde bien les pleins pouvoirs pour modifier unilatéralement le taux, après le 1er juillet.
Une réforme à haut risque
La profession redoute que cette période transitoire soit utilisée comme prétexte pour réformer à la baisse le cadre des remises, au moment même où l’économie officinale est fragilisée par la désindexation de l’honoraire à la boîte, la baisse des volumes, et les incertitudes sur les missions.
« Ce n’est pas une avancée, c’est un signal. Et peut-être un ballon d’essai avant de reprendre d’une main ce qui a été donné de l’autre », estime Pierre-Olivier Variot.
Il pointe également l’ambiguïté du discours de l’exécutif sur les biosimilaires : « On nous avait promis une remise biosimilaire comme une bouffée d’oxygène, sans transfert depuis les génériques. Mais tout montre que ce sera l’inverse : une réduction sur les génériques sans gain réel sur les biosimilaires. Cela fait mentir les promesses de M. Valletoux. »
Et de conclure avec une image saisissante : « Les blouses sont encore chaudes du 30 mai dernier, les chaussures sont rangées, les banderoles prêtes à ressortir. Si l’on touche aux remises, vu l’état économique des pharmacies, nous sommes prêts à redescendre dans la rue. »
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