Pour les pharmaciens, le millefeuille administratif devient indigeste

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Pour les pharmaciens, le millefeuille administratif devient indigeste

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Publié le 18 avril 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Le président de l’USPO appelle à une révision méthodique des normes pesant sur les officines. Objectif : éliminer les règles inutiles et alléger le quotidien des pharmaciens, sans compromettre la sécurité des patients.

Interrogé sur les solutions pour alléger la charge administrative qui pèse sur les officines, Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), ne mâche pas ses mots : « Les charges administratives, c’est beaucoup trop. C’est beaucoup trop compliqué. » Une position partagée en haut lieu, selon lui. « J’en ai parlé avec le ministre lors des rencontres de l’USPO, avec la Direction de la Sécurité sociale (DSS), avec Cédric Arcos : tous reconnaissent qu’il y a un problème. » Cédric Arcos, chef de pôle et conseiller Santé, Autonomie et Protection sociale au sein du cabinet du Premier ministre Michel Barnier depuis septembre 2024, a lui aussi reconnu la complexité des normes pesant sur les officines.

Mais derrière les constats, les blocages demeurent. À chaque tentative de suppression de texte, une exception justifie son maintien. « Le millefeuille réglementaire se reconstitue sans cesse », déplore-t-il.

Un tri nécessaire, règle par règle

L’USPO demande une évaluation méthodique de chaque disposition réglementaire. La ligne directrice du syndicat est clair. Si une règle est utile à la santé publique, notamment pour la sécurité du patient, elle doit être maintenue, voire renforcée. En revanche, si elle est incompréhensible du point de vue du patient, du médecin ou du pharmacien, elle devient un facteur de conflits et de confusion.

Les analogues du GLP-1, l’exemple même de la dérive bureaucratique

Pierre-Olivier Variot cite l’exemple emblématique des analogues du GLP-1, traitements de plus en plus prescrits dans le cadre du diabète ou de l’obésité. « Le fait de devoir remplir un imprimé Cerfa pour ces molécules n’aurait jamais dû exister. Le médecin est responsable de sa prescription. S’il prescrit mal, il doit rendre des comptes à l’Assurance maladie. Point. » L’USPO dénonce une logique administrative qui déresponsabilise les prescripteurs tout en surajoutant des contraintes inutiles. « Si on avait la prescription électronique généralisée, on n’aurait pas ce genre de problème. » Aujourd’hui encore, les documents papiers — parfois défaillants ou mal remplis — continuent à circuler, alourdissant les tâches officinales.

Une réforme attendue

L’USPO appelle donc à une refonte ciblée et rationnelle de la réglementation. L’objectif : redonner du temps aux pharmaciens pour leurs missions de soins et recentrer les efforts sur ce qui améliore réellement la santé publique. La revendication fait consensus dans la profession. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) porte les mêmes demandes et a d’ores et déjà établi un livre blanc comptant « 100 propositions » pour une simplification administrative.

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