Pharmacies en danger : cette pétition des pharmaciens pour mobiliser leurs patients

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Pharmacies en danger : cette pétition des pharmaciens pour mobiliser leurs patients

Publié le 23 juillet 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Lancée par la FSPF et l’USPO, la pétition des pharmaciens vise à alerter les patients sur le risque de fragilisation du réseau officinal. Ni technique, ni syndicale, cette initiative veut porter un message grand public, simple et direct, pour faire entendre la voix des officinaux avant la rentrée.

« La pétition est vraiment à destination des patients », affirme Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Soutenue par l’ensemble des syndicats représentatifs, cette initiative commune entend alerter sur « le modèle de société que nous voulons » et la place qu’y occupe la pharmacie de proximité. « Ce qui va compter, c’est si on choisit de voter pour les pharmacies de proximité, ou pas. »

Un positionnement assumé et partagé par Lucie-Hélène Pagnat, directrice générale de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) : « On a volontairement choisi de ne pas évoquer les remises, ni les négociations interministérielles. Le message se veut clair, pour susciter l’intérêt des patients auprès de leurs pharmaciens. »

Ni technique, ni politique mais grand public

Pas question pour les syndicats de diluer le message avec des arguments techniques jugés trop complexes. « Nous nous concentrons sur la mise en péril du réseau officinal », rappelle Lucie-Hélène Pagnat. L’objectif : susciter un dialogue direct au comptoir et faire du patient un relais de la mobilisation.

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Un tiers des pharmacies fragilisées, des fermetures qui s’accélèrent

La menace n’est plus théorique. Selon les syndicats d’officinaux, une pharmacie sur trois en France serait aujourd’hui en situation de fragilité économique. Chaque année, plusieurs centaines d’officines ferment définitivement. En cause, des marges sous pression, l’explosion des charges, la baisse des remises commerciales, et une politique de santé qui laisse se déliter le réseau officinal.
« C’est la santé de proximité qui disparaît avec ces fermetures », alerte un représentant syndical.

La fermeture d’une pharmacie, c’est non seulement un accès restreint aux médicaments, mais aussi la disparition d’un maillon essentiel du parcours de soins : conseil, prévention, dépistage, accompagnement des patients chroniques…
Ce phénomène s’ajoute à la montée des pénuries de médicaments, que subissent patients et professionnels au quotidien.
« On ne peut pas accepter que les patients payent deux fois : d’abord en n’ayant plus leur traitement, ensuite en ne trouvant plus de pharmacie ouverte », dénonce l’USPO.

Un système de santé qui fait le jeu des laboratoires et des franchises

Dans le même temps, les franchises médicales sont sur le point d’être doublées, et leur recouvrement en pharmacie accentue la pression sur les patients comme sur les officinaux.
Les pharmaciens dénoncent un modèle qui favorise les intérêts des big pharma et des actionnaires au détriment de l’accès aux soins et des structures de proximité.

Une dynamique de terrain déjà enclenchée

Dès sa mise en ligne, la pétition a connu un démarrage rapide. « En deux heures, on était déjà à 1 500 signatures », constate Lucie-Hélène Pagnat. Si Philippe Besset se refuse à fixer un objectif chiffré, il évoque tout de même la barre symbolique d’« un million, un million et demi » de soutiens.
Au-delà des signatures, l’enjeu est clair : « Faire en sorte que la société civile soit alertée tout l’été et que, si nous n’avons pas de réponse satisfaisante avant fin juillet, la mobilisation de septembre soit encore plus forte, avec les patients et les médias à nos côtés. »

Un été pour préparer la rentrée

Loin d’un simple affichage syndical, la pétition veut devenir un levier de pression durable. À travers cette initiative, les syndicats cherchent à inscrire leur mobilisation dans le temps long, au-delà des échéances politiques immédiates.
Avec une conviction partagée par la FSPF et l’USPO : le soutien des patients sera décisif dans le bras de fer engagé avec le gouvernement.

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