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© Christopher Salgadinho
Pharmacies de proximité en danger : le député Guillaume Garot réclame des mesures fortes
Invité à clôturer Les Assises du maillage pharmaceutique, organisées le mardi 24 juin par Le Moniteur des pharmacies, le député Guillaume Garot a plaidé pour une stratégie volontariste et équitable au service des territoires, afin de contrer les menaces pesant sur les officines. Il a présenté ses trois leviers d’action : régulation des installations, lutte contre la financiarisation et reconnaissance accrue du rôle des pharmaciens,
Guillaume Garot, député de la Mayenne, connaît bien son sujet. Auteur de la proposition de loi visant à lutter contre les déserts médicaux, il est à l’origine d’un groupe de travail transpartisan à l’Assemblée nationale qui a œuvré pendant trois ans pour trouver des solutions concrètes aux problématiques croissantes liées à la désertification médicale et à leurs conséquences sur l’ensemble du système de santé. Adoptée par l’Assemblée nationale en mai dernier, sa proposition est désormais entre les mains des sénateurs. « Le cœur de notre initiative repose sur une régulation de l’installation des professionnels de santé. Non pas pour imposer une destination aux médecins, mais pour limiter les installations dans les zones déjà bien dotées, afin de ne pas creuser les inégalités territoriales. Ce principe s’inspire notamment du modèle de régulation appliqué aux pharmaciens, qui a permis un maillage national cohérent », a-t-il expliqué, reconnaissant toutefois que les pharmacies « connaissent aujourd’hui de fortes tensions. Près de 1 000 officines ont disparu en cinq ans. Ces fermetures concernent avant tout les territoires déjà fragilisés par la pénurie médicale, ce qui menace l’équilibre de l’offre de soins dans son ensemble. Sans prescripteurs, les officines deviennent vulnérables. L’absence de réponse risque de conduire à des déserts de santé au sens large. »
Amendements
Loin de s’arrêter à un simple constat, le député a présenté trois pistes d’action qu’il souhaite mettre en œuvre. La première consiste à permettre l’ouverture, ou la réouverture, d’officines dans les communes de moins de 2 500 habitants, mesure déjà évoquée dans le projet de loi Mouiller. « Je suis prêt à soutenir des amendements allant dans ce sens, quel que soit le véhicule législatif qui sera choisi. Car si cette mesure permet de débloquer certaines situations et de garantir la présence des officines, sur tout le territoire, il faut y aller sans hésiter. »
La deuxième piste avancée concerne l’encadrement de la financiarisation du secteur. « Cette financiarisation donne lieu à un phénomène de concentration, déjà observé dans d’autres professions de santé, qui risque d’accélérer la désertification et une perte de contrôle sur l’implantation des officines. Il est indispensable de mettre des garde-fous afin d’éviter ce type de dérives. »
Enfin, troisième et dernier levier proposé : la reconnaissance pleine et entière des pharmacies comme acteurs de soins primaires. « Cette reconnaissance passerait par une délégation de compétences dans le cadre de protocoles clairs et sécurisés, notamment pour certaines actions de suivi ou de diagnostic. Cela a même été évoqué dans le livre blanc du maillage pharmaceutique. Je sais que ce sujet suscite parfois des réserves parmi les autres professions de santé, mais c’est l’intérêt du patient et l’accès aux soins sur tout le territoire qui doit primer. »
Remises génériques
Bien sûr, Guillaume Garot n’a pas manqué d’aborder le sujet brûlant du moment en mettant en garde contre des mesures qui, « sous couvert d’économies, pourraient fragiliser encore davantage les officines les plus vulnérables, notamment à travers la baisse des remises sur les médicaments génériques. Ces économies, si elles ne sont pas pensées avec discernement, pourraient se traduire par des dépenses accrues à moyen terme », a-t-il souligné avant de conclure : « Le rôle des pharmaciens mérite d’être pleinement reconnu, valorisé et soutenu dans le cadre d’une politique publique équitable. »
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