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Pharmacie en danger : l’officine de Rivehaute peut-elle encore être sauvée ?
Seul commerce encore debout dans ce village béarnais fragilisé par le départ de son médecin, la pharmacie de Rivehaute (Pyrénées-Atlantiques) s’apprête à fermer définitivement le 30 août, faute de repreneur. Après douze ans de combat pour maintenir un service de santé de proximité, le pharmacien a obtenu une réunion de la dernière chance avec l’ARS et le maire, qui se tiendra lundi prochain.
Depuis douze ans, suite au départ du médecin du village, le pharmacien Joël Présani se démène. Homme de caractère et de vocation, il trouve un médecin espagnol qui vient s’installer pour quelques mois. « Malheureusement, son passage à Rivehaute ne s’est pas bien passé. Il a décidé de repartir », confie le titulaire. En quelques années, le village dépérit et ses commerces ferment les uns après les autres. Reste la pharmacie qui se sait indispensable pour de nombreux habitants. Dans un courrier envoyé à l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle Aquitaine en juin dernier, Joël Présani détaillait tout ce qui avait pu être fait pour soutenir les patients du village : « Un lieu d’écoute, une cabine de télémédecine, des livraisons à domicile gratuites, des démarches administratives pour les patients seuls… Tout cet investissement financier et humain pour rien ? »
Quelles solutions ?
Le départ en retraite du titulaire, le 30 août prochain, sonnera la fermeture définitive de la pharmacie faute de repreneur… sauf si la réunion prévue lundi 25 août avec l’ARS et le maire permet d’esquisser une solution. « Je cherche un repreneur depuis trois ans, mais sans succès. J’ai essayé d’alerter les élus qui n’ont pas pris la mesure de la situation. J’ai même proposé des solutions, dont l’ouverture d’une antenne médicale de la ville voisine de Sauveterre, dans notre village, mais personne ne m’a suivi. Toutes les agences que j’ai contactées dans le cadre de la vente de la pharmacie m’ont affirmé que sans médecin à Rivehaute, je ne trouverai pas de repreneur. Elles ont eu raison », poursuit celui qui œuvre dans la commune depuis 26 ans.
La mobilisation médiatique autour de la fragilité des pharmacies rurales et de la baisse du plafond des remises sur les médicaments génériques aura eu l’avantage de donner plus de force aux appels à l’aide du pharmacien. « Grâce à la mobilisation des habitants et aux réseaux sociaux, nous avons enfin été entendus. Cette réunion est une première en douze ans de combat ! Pour nous, c’est la réunion de la dernière chance. »
Fatigué et usé, Joël Présani se dit tout de même prêt à continuer à tenir la pharmacie, pendant quelques mois, si le maire et l’ARS proposent une solution viable. « Mes deux employées sont prêtes à continuer aussi. Mais si rien n’est fait pour nous aider, ce sera la fin d’une belle aventure pour tout le monde. »
Zones rouges
Située en dehors des six régions désignées pour l’expérimentation des antennes de pharmacies, l’officine de Rivehaute ne pourra pas bénéficier des facilités liées à la mise en place de cette solution. Le plan Bayrou contre les déserts médicaux, qui a permis d’identifier des zones rouges dans lesquels des médecins se rendront régulièrement pour tenir des consultations, n’a pas non plus retenu l’intercommunalité du Béarn des Gaves. Pour autant, d’autres zones rouges doivent être identifiées dans les mois à venir. Ce sera trop tard pour Joël Présani, mais pas pour un potentiel repreneur qui pourrait également bénéficier « de l’aide liée aux pharmacies en territoires fragiles », poursuit le pharmacien.
En attendant, les habitants de Rivehaute devront se rendre, en voiture, dans les pharmacies avoisinantes, situées à quelque 15 minutes de route. « Mais ce n’est pas pour rien si nous avons mis en place un service de livraison, car beaucoup d’habitants du secteur ne peuvent pas conduire… Il est grand temps que l’ensemble des élus et des autorités de santé se mobilisent pour eux ! »
L’an passé, 60 % des officines qui ont fermé en France, l’ont été faute de repreneurs. Des fermetures sèches, sans indemnisation ni liquidation, qui mettent à mal un maillage pharmaceutique déjà bien fragile.
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