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Pas la peine de piocher dans les remises génériques, les pharmaciens ont trouvé 26 leviers d’économie
Face au plafonnement des remises sur les génériques et biosimilaires, l’USPO oppose un arsenal de 26 propositions adressées à l’Élysée et au cabinet santé. 7 concernent directement l’économie officinale, les autres visent la régulation des dépenses publiques. L’objectif est assumé : démontrer que les pharmaciens peuvent contribuer à plusieurs milliards d’euros d’économies, sans fragiliser leur modèle économique.
La colère est née de l’arrêté du 4 août, qui a limité les remises commerciales à 30 % pour les génériques et à 15 % pour les biosimilaires. Pour l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO), cette mesure menace directement l’équilibre économique des officines. Pierre-Olivier Variot rappelle que la bataille ne porte pas seulement sur les marges : « Ce n’est pas seulement l’avenir de nos pharmacies qui est en jeu, mais la santé de nos concitoyens et la cohésion des territoires. » Le syndicat demande la suspension immédiate du texte et l’ouverture d’une négociation conventionnelle, afin de remettre la question des remises dans le champ du dialogue professionnel.
Les génériques et les biosimilaires au cœur des économies
Parmi les propositions jugées structurantes, l’USPO met en avant l’obligation de prescrire les biosimilaires en dénomination commune internationale, ce qui permettrait d’éviter toute ambiguïté sur les ordonnances et de générer, selon ses calculs, entre 6 et 7 milliards d’euros d’économies d’ici 2030. À cette mesure s’ajoute la création d’une rémunération sur objectifs de santé publique spécifique aux biosimilaires et aux hybrides, dont l’impact attendu atteindrait 704 millions d’euros entre 2026 et 2030.
Le syndicat insiste également sur la nécessité de fixer des objectifs contraignants aux médecins libéraux en matière de prescription de génériques. La France accuse un retard manifeste : seuls 42 % des ordonnances de ville portent sur des molécules du répertoire, contre plus de 80 % en Allemagne. Corriger cet écart permettrait de dégager environ 650 millions d’euros d’économies par an. Enfin, l’USPO réclame la suppression du délai d’un an actuellement nécessaire entre l’avis de l’ANSM et l’arrêté ministériel autorisant la substitution d’un biosimilaire, une mesure qui représenterait près de 800 millions d’euros d’économies supplémentaires sur la période 2024-2030.
Le gisement caché des dispositifs médicaux
Le marché des dispositifs médicaux, évalué à 3,5 milliards d’euros par an, constitue un autre levier important. L’USPO plaide pour une généralisation du droit de substitution, à l’exception des dispositifs implantables ou invasifs jugés critiques. Selon les scénarios avancés par le syndicat, l’impact budgétaire se situerait entre 350 et 875 millions d’euros d’économies annuelles. L’extension de ce mécanisme aux hybrides apporterait, elle, 300 millions d’euros sur deux ans.
Réguler les innovations coûteuses
L’offensive ne s’arrête pas aux produits matures. L’USPO cible aussi les médicaments innovants. Le syndicat demande que toute molécule dont les remboursements dépassent 250 millions d’euros par an fasse l’objet d’une évaluation en vie réelle. Pierre-Olivier Variot dénonce les situations où « des traitements à 5 000 ou 6 000 euros par mois sont donnés à des patients de 94 ans sans bénéfice réel ». Cette mesure permettrait d’économiser environ 3 milliards d’euros. Le syndicat propose en outre de rendre obligatoire la prescription électronique assortie d’une entente préalable pour tout traitement supérieur à 300 euros, ce qui représenterait à nouveau 3 milliards d’euros d’économies par an.
Les autres pistes macro-économiques
À côté de ces grands volets, le dossier met en avant une série de mesures ciblées. Le contrôle renforcé des prestataires de santé à domicile pourrait rapporter 250 millions d’euros, l’adaptation des conditionnements générer entre 30 et 50 millions, et l’uniformisation des jours de carence pour les arrêts maladie entre 500 et 700 millions. L’USPO propose aussi de mettre fin au remboursement des prescriptions émanant de médecins exerçant en secteur 3, pour un gain estimé entre 450 et 700 millions d’euros. Une taxation accrue de la publicité pour les jeux en ligne pourrait apporter entre 145 et 200 millions d’euros de recettes et une quinzaine de millions d’économies supplémentaires. Enfin, l’introduction systématique de la mesure de l’hypertension artérielle en officine est évaluée à 200 millions d’euros d’économies d’ici 2030.
Une stratégie politique assumée
Au-delà de la technicité des chiffres, la ligne politique est claire. L’USPO veut montrer que la profession n’est pas une force de contestation isolée, mais une composante capable de contribuer à la soutenabilité du système. « On voulait prouver que nous n’étions pas seulement un syndicat qui proteste, mais une force de propositions crédibles », insiste Pierre-Olivier Variot. Sur les 26 mesures détaillées, 7 améliorent directement le modèle économique officinal. Les autres visent à redresser les comptes de la Sécurité sociale. Le message adressé au gouvernement se veut limpide : les pharmaciens savent trouver d’autres sources d’économies que le plafonnement brutal de leurs remises.
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