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Officines fragiles : une aide au rabais qui laisse 800 pharmacies sur le carreau
Prévue pour concerner un millier d’officines rurales et isolées, l’aide conventionnelle de 20 millions d’euros ne bénéficiera finalement qu’à 200 pharmacies. Un dispositif trop restrictif qui alimente un sentiment d’abandon et fragilise encore le maillage.
C’était l’une des rares annonces budgétaires positives pour le réseau officinal : une enveloppe annuelle de 20 millions d’euros, destinée à soutenir les pharmacies en zones fragiles. Mais la réalité est tout autre. Selon les premières notifications des agences régionales de santé (ARS), seules 200 officines toucheront cette aide, soit cinq fois moins que prévu.
Un zonage contesté
Le cœur du problème réside dans les critères fixés par les ARS. Jugés trop restrictifs, ils excluent une large partie des pharmacies qui, pourtant, peinent à maintenir leur équilibre économique. Philippe Besset, président de la FSPF, dénonce une mécanique « en trompe-l’œil », qui ne répond pas aux besoins du terrain.
À l’USPO, la colère est palpable. « Nous n’avons pas obtenu de réponses satisfaisantes quant aux imprécisions qui découlent de ces critères d’octroi », souligne Lucie-Hélène Pagnat, directrice générale du syndicat. L’organisation envisage désormais de saisir le juge administratif dès qu’un arrêté jugé discriminant sera publié.
La loi Mouiller comme espoir
Un texte parlementaire, porté par le sénateur Daniel Mouiller, doit élargir le dispositif. Mais son adoption n’interviendra pas avant la fin de l’année. En attendant, seules les 200 officines identifiées par les ARS toucheront l’aide à l’automne. Pour les autres, il faudra patienter, au risque d’aggraver les difficultés de trésorerie.
Cette temporalité est jugée insoutenable par les syndicats. « Chaque mois compte pour des officines déjà au bord de la rupture », alerte Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO. Le décalage entre les annonces politiques et la réalité opérationnelle nourrit un sentiment d’abandon dans les territoires les plus fragiles.
Une fracture territoriale en toile de fond
Derrière ce dossier technique, c’est bien la question du maillage qui ressurgit. En réduisant le nombre de bénéficiaires, l’État prend le risque d’accentuer la fracture sanitaire entre zones urbaines et zones rurales. Or, la présence officinale est souvent le dernier recours dans des territoires où l’accès aux soins s’effondre.
L’aide aux officines fragiles devait incarner un signal de soutien. Elle se transforme en symbole d’injustice. Pour les syndicats, il y a urgence à rectifier le tir, sous peine de voir se multiplier les fermetures dans les zones les plus démunies.
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