Ruptures d’approvisionnement : quelles solutions ?

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Ruptures d’approvisionnement : quelles solutions ?

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Publié le 13 octobre 2025
Par Sana Guessous
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Lors de la conférence-débat organisée le 30 septembre par l’URPS Pharmaciens Paca, les intervenants y sont allés de leurs solutions pour réduire les effets des tensions et ruptures d’approvisionnement.

Déprescrire pour atténuer l’impact des pénuries : c’est l’une des solutions avancées par Stéphane Honoré, responsable de l’Observatoire du médicament, des dispositifs médicaux et de l’innovation thérapeutique (Omédit) en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca) et Corse. « Outre l’amélioration du parcours de vie des patients, en particulier ceux âgés et polymédiqués, la déprescription peut permettre de diminuer les tensions d’approvisionnement sur certains médicaments. » Pour Raphaël Gigliotti, secrétaire général URPS Pharmaciens Paca, cette solution est intéressante mais imparfaite : « On ne peut pas déprescrire un antibiotique en rupture, on peut tout juste s’orienter vers un autre traitement. Dans de nombreuses situations, la déprescription n’est hélas pas une réponse appropriée. »

Se réapproprier le savoir des préparations magistrales

« Les pharmaciens auraient tout à gagner à se réattribuer ce qu’ils ont perdu au fil du temps, à savoir les compétences en pharmacotechnie. Les officinaux qui en ont la possibilité pourraient se doter de préparatoires », assure Stéphane Honoré. Problème : l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ne prévoit de forfait de production de préparation magistrale qu’en cas de rupture d’approvisionnement. « La colchicine est considérée aujourd’hui en tension et non pas en rupture. Cela veut dire que même si nous n’avons qu’une boîte de ce médicament à proposer à nos nombreux patients, aucune préparation magistrale ne sera prise en charge », regrette Raphaël Gigliotti, pour qui les préparations officinales ne sont qu’un « petit pansement sur une énorme hémorragie. »

Revaloriser les prix

Raphaël Gigliotti pointe une situation qu’il juge absurde : « On nous propose une préparation magistrale produite pour 20, 30 ou 40 euros, pour un médicament en rupture qui n’en coûte que deux. C’est le serpent qui se mord la queue. » Le pharmacien prône la revalorisation des prix des médicaments : « Pourquoi ne pas fixer un prix de base pour le médicament produit en Chine, et augmenter ce prix dès lors que ce médicament est fabriqué en Europe ? Vendons le plus cher encore s’il est produit en France. Cela produirait un cercle vertueux pour tous. »

Un « Airbus » du médicament

Autre solution ambitieuse, « instaurer un stock de sécurité au niveau non plus français mais européen », suggère Raphaël Gigliotti. Une entreprise de type Airbus, qui conférerait également plus de poids aux États pour négocier les prix des médicaments avec les laboratoires. Et qui pourrait mettre en œuvre « un plan de reprise coordonné de la production de molécules essentielles sur le sol européen », propose Nathalie Coutinet, économiste de la santé à l’université Paris 13.

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