Pénuries : le mal-être grandissant des pharmaciens

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Pénuries : le mal-être grandissant des pharmaciens

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Publié le 9 octobre 2025
Par Sana Guessous
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En plus d’accaparer un temps considérable, la gestion quotidienne des ruptures d’approvisionnement épuise les équipes officinales et les expose à l’agressivité de patients qui, souvent, les tiennent pour responsables des pénuries.

75 % des pharmaciens disent subir des comportements agressifs des patients et 88 % souffrent d’un épuisement moral. Ces résultats sont issus d’une enquête réalisée cet été par la branche Pharmaciens de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) de Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA). « Notre étude révèle également que les ruptures d’approvisionnement en médicaments sont l’un des motifs d’épuisement les plus cités par les officinaux, avec les lourdeurs administratives et les difficultés de recrutement », assure Félicia Ferrera, présidente de l’URPS Pharmaciens PACA.

Une lourde responsabilité

Pour la pharmacienne, les pénuries sont la goutte qui fait déborder la charge mentale des officinaux : « À la responsabilité de la dispensation, au risque d’erreur accru par la fatigue, aux craintes liées aux fausses ordonnances s’ajoute aujourd’hui le poids d’assurer la continuité des traitements. C’est très lourd à porter. »

Les pharmaciens ne sont pas des logisticiens

Interroger la plateforme Vigirupture, appeler les confrères à proximité à qui il reste un peu de stock pour leur adresser les patients, appeler les médecins prescripteurs pour trouver des alternatives thérapeutiques… « On court partout. On fait de la logistique. Il n’a jamais été question de logistique dans notre cursus. Le temps que nous perdons à chercher des médicaments, nous ne le consacrons pas aux patients, à la prévention, au soin, à l’éducation thérapeutique, bref, à être des professionnels de santé », s’indigne Raphaël Gigliotti, secrétaire général URPS Pharmaciens PACA. Le pharmacien évoque aussi le dilemme éthique que posent les ruptures : « Si je n’ai qu’une boîte au lieu des vingt que je reçois habituellement, qui vais-je soigner ? Nous imposer ce genre d’arbitrages est horrible et inacceptable. »

Désamorcer les conflits avec les patients

Dernier maillon de la chaîne de soin, le pharmacien doit aussi essuyer l’inquiétude, la méfiance voire l’agressivité des patients exposés aux pénuries. En juin, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a conçu une affiche à apposer dans les officines, pour « limiter les tensions et faciliter le dialogue avec les patients, en leur rappelant que les ruptures d’approvisionnement ne relèvent pas de la responsabilité des pharmaciens », explique le syndicat.

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