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© Christopher Salgadinho
Maillage officinal : peut-on encore parler de pharmacies de proximité ?
Disparition progressive des pharmacies, accès aux soins fragilisé, rôle social du pharmacien sous-estimé… Lors des Assises du maillage pharmaceutique organisées le 24 juin à l’Institut Pasteur à Paris, professionnels de santé, élus et représentants divers ont tiré la sonnette d’alarme. Face à la fermeture de milliers d’officines depuis 2008, ils appellent à repenser l’organisation territoriale de la pharmacie.
En France, les pharmacies de proximité sont-elles en voie de disparition ? Si la situation n’est pas encore catastrophique, la trajectoire, elle, l’est. Depuis 2008, le pays a perdu près de 4 000 officines, et ce mouvement s’accélère : « En 16 ans, 329 communes ont perdu toutes leurs officines. Et rien que ces quatre dernières années, 150 communes sont concernées. C’est dire à quel point le phénomène s’amplifie », souligne Olivier Rozaire, président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) Pharmaciens d’Auvergne Rhône-Alpes. Ce n’est donc plus un signal faible.
Pourtant, certains chiffres rassurent : « 99,5 % des Français vivent à moins de 15 minutes d’une pharmacie », pointe Mickaël Benzaqui, sous-directeur de l’accès aux soins et du premier recours (DGOS) au ministère de la Santé. « Mais l’accélération du nombre de fermetures annuelles est un signal d’alerte, car cela pourrait remettre en cause la notion même de pharmacie de proximité et la politique territoriale de santé. Si on perd ce maillage, on perd tout l’intérêt du transfert des compétences opéré vers les pharmaciens », admet-il.
Règles d’installation
« Faudrait-il alors revoir les règles d’installation des pharmacies qui sont encore largement calquées sur des critères démographiques anciens ? », questionne Matthieu Vandendriessche, journaliste au Moniteur des pharmacies. « Nous avons encore un maillage qui est relativement robuste aujourd’hui et qui prouve que ces règles ont été utiles et le sont toujours. Il faut en revanche se poser la question de l’accès aux médicaments. Même si l’on se trouve à cinq minutes d’une pharmacie, si cette dernière est en rupture d’amoxicilline, le problème est toujours le même : il n’est pas possible de se soigner. La question est donc beaucoup plus vaste que celle des règles d’installation », pointe Mickaël Benzaqui. Pour autant, les élus locaux représentés autour de la table par Gilles Noël, vice-président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) réclament une cartographie plus fine et adaptée à la réalité du terrain afin de défendre efficacement le maintien ou la réouverture des pharmacies dans les villages. « Les pharmaciens sont bien souvent le seul contact médical accessible immédiatement, sans rendez-vous. Ce rôle humain, est sous-estimé, alors qu’il représente un pilier du lien social. Dans les territoires, le pharmacien ne dit pas « Bonjour madame », il dit « Bonjour Simone »! Il connaît ses patients, leurs habitudes, leur langage propre. »
Regroupements
Les groupements aussi souhaitent jouer leur rôle dans le maillage officinal en « mutualisant les achats, la formation ou les ressources humaines et en libérant du temps pour que les pharmaciens puissent se consacrer à leurs nouvelles missions : prévention, vaccination, dépistage… Ils peuvent ainsi jouer pleinement leur rôle et pallier le manque de médecins sur certains territoires », affirme Sandra Goby, directrice générale de Pharm UPP. Devenus de véritables entrepreneurs « qui doivent gérer leur commerce dans des situations très inégalitaires selon leur situation géographique » – comme le souligne Olivia Laplane, responsable de la filière santé du marché des professionnels à la Caisse d’Epargne – les pharmaciens songent de plus en plus aux regroupements. « Dans les dossiers que nous accompagnons, il y a effectivement une logique économique qui pousse à certains regroupements. En fonction des flux, des populations, de la circulation… Finalement cela se fait naturellement », poursuit la responsable. Cette évolution naturelle du réseau est aussi « une des forces de l’officine sur un territoire. Elle doit pouvoir s’adapter, s’agencer, investir. C’est ça le vrai sujet. Et pour cela il leur faut un soutien quotidien, à la fois financier, humain et réglementaire », conclut Gilles Noël.
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