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Les infirmiers vent debout contre la prise en charge des petites plaies en officine
Future mission des officines, la réalisation de pansements par le pharmacien est dénoncée par le syndicat Convergence Infirmière, qui y voit un accaparement des compétences des infirmiers et un danger pour les patients.
La généralisation de l’expérimentation Osys à l’ensemble du réseau officinal alimente les critiques acerbes : après les médecins, qui y voient une captation d’actes médicaux, les infirmiers dénoncent à leur tour ce qu’ils considèrent comme une « appropriation de leurs missions. » En cause : les soins des petites plaies, qui font partie des protocoles Osys destinés à faciliter l’accès aux soins dans les zones médicalement désertifiées. « Un pansement, ce n’est pas un simple geste technique. C’est une évaluation clinique, un suivi, une expertise acquise au terme de trois années de formation infirmière diplômante », explique le syndicat Convergence Infirmière, pour qui cette mesure dont il exige le retrait témoigne d’un « mépris total de la profession infirmière. »
Un « risque » pour les patients
Les infirmiers libéraux sont appelés, dès le déploiement des protocoles Osys, à boycotter les pharmacies et à ne s’approvisionner qu’auprès des prestataires de matériel médical. « Les pharmacies qui feront des pansements verront mes patients disparaître de leur patientèle », réagit un infirmier. Pour les pharmaciens, il ne s’agit rien de plus que de rémunérer des pansements pour plaies bénignes pratiqués gratuitement en officine. Mais Convergence Infirmière n’en démord pas : « Confier ces actes aux pharmaciens, dont ce n’est ni la formation ni la mission, c’est exposer les patients à des risques inacceptables. »
Une concertation nécessaire avec les infirmiers
Du côté du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), le ton se veut plus modéré : « Ce que nous déplorons, c’est l’absence de concertation avec notre profession alors que le pansement relève de notre champ de compétence. Nous attendons l’application de la loi sur l’accès direct du patient à l’infirmier notamment dans le cadre des plaies, et cette annonce vient percuter nos attentes », explique John Pinte, président du Sniil, pour qui l’orientation des patients est toutefois un besoin réel. « Nous souhaitons que cette prise en charge soit coconstruite et que le rôle du pharmacien soit cadré. Car notre crainte, c’est que les patients aillent régulièrement faire leurs pansements à la pharmacie plutôt que de voir un infirmier », poursuit le syndicaliste.
Un protocole décisionnel sûr
Piliers des protocoles Osys, les arbres décisionnels pour la prise en charge des plaies simples sont conçus pour minimiser tout risque de complication. Le pharmacien se base en effet sur ces schémas précis pour définir le type de plaie à soigner ou à orienter, le cas échéant, vers le médecin ou les urgences, donnant lieu à la prescription de soins infirmiers.
Osys aussi dans le viseur des médecins
Cette levée de boucliers des infirmiers intervient peu après une sortie tonitruante de l’Union française pour une médecine libre (UFML-S), pour qui la généralisation de l’expérimentation Osys s’apparente à une « médecine au rabais. » Des réactions que les officinaux jugent disproportionnées et malvenues, à l’heure où 30 % de la population française vit dans un désert médical et rencontre régulièrement des problèmes d’accès aux soins.
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