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Franchises médicales : un projet enterré… ou prêt à ressurgir ?
Par Christelle Pangrazzi et Sana Guessous
Officiellement abandonné avec la chute du gouvernement de François Bayrou, le doublement des franchises médicales pourrait toutefois revenir sur la table. Les pharmaciens restent vent debout contre une mesure qu’ils jugent à la fois injuste, inefficace et techniquement inapplicable.
Ce devait être l’un des piliers budgétaires du plan Bayrou : doubler les franchises médicales afin d’économiser près de deux milliards d’euros par an. La mesure prévoyait, pour chaque assuré, une participation accrue aux dépenses de santé, réglée directement au comptoir. Mais avec la démission du gouvernement, le projet semble avoir été enterré. « Les textes ont été stoppés net », assure Philippe Besset, président de la FSPF.
Une opposition unanime
Pour les pharmaciens, la position est claire et constante : le dispositif est rejeté. « Nous y sommes fermement opposés », martèle Philippe Besset. L’unanimité est d’ailleurs plus large que la seule profession officinale : l’ensemble des professionnels de santé et des associations de patients dénoncent un reste à charge jugé insupportable pour les malades chroniques.
Julien Chauvin, président de la commission études et stratégie économiques de la FSPF, rappelle les effets pervers attendus : « Les patients en ALD devraient débourser 72 euros supplémentaires par an. L’impact psychologique serait majeur : nombre d’entre eux renonceraient à certains soins ou médicaments pour éviter de payer, au détriment de leur santé. »
Une impasse technique et éthique
Au-delà de l’injustice sociale, la faisabilité même de la mesure est contestée. Comment vérifier, au comptoir, le forfait restant dû par chaque assuré ? Comment gérer les reversements aux caisses primaires ? « Nous n’allons pas collecter l’argent des franchises dans des tirelires comme pour l’opération Pièces jaunes », ironise Philippe Besset. Le Conseil de la Cnam a d’ailleurs rendu un avis négatif sur le projet de décret, même si son avis reste consultatif.
Le risque d’un retour en catimini
Si le départ de François Bayrou a gelé le projet, l’histoire récente invite à la prudence. Le besoin d’économies reste intact, et le prochain gouvernement pourrait être tenté de réintroduire la mesure à la faveur d’un budget rectificatif ou d’un PLFSS. Pour les pharmaciens, la vigilance s’impose. « Nous ne savons pas quelle sera la position du nouveau ministre. Mais la nôtre ne changera pas », tranche Philippe Besset.
Le dossier des franchises illustre un paradoxe : présenté comme une mesure d’équilibre budgétaire, il risque en réalité d’accroître les inégalités de santé et de fragiliser davantage le système. Pour les syndicats, c’est une ligne rouge. Dans la série des dossiers brûlants de l’officine, celui-ci pourrait vite redevenir prioritaire si Bercy cherchait de nouvelles économies rapides.
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