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Escap : une application pour simplifier la coordination entre professionnels de santé et patients

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Escap : une application pour simplifier la coordination entre professionnels de santé et patients

Publié le 4 octobre 2025
Par André-Arnaud Alpha
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L’expérimentation « Équipe de soins coordonnée avec le patient » (Escap) mise sur une application numérique pour améliorer la coordination des soins. Découvrez comment ce dispositif facilite le suivi des patients chroniques et valorise le travail en équipe des professionnels de santé.

L’expérimentation « Équipe de soins coordonnée avec le patient » (Escap) a débuté en mars 2025 pour une durée de trois ans. Créée par l’avenant n° 1 de juin 2024 à l’accord-cadre interprofessionnel de 2018 – signé notamment par l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS) et l’Union nationale des caisses d’assurance maladie –, cette expérimentation a pour but d’apporter à la coordination entre professionnels de santé un cadre plus souple et de la recentrer sur les besoins du patient. À la différence des maisons de santé pluriprofessionnelles ou des communautés professionnelles territoriales de santé, la formation d’une Escap n’implique aucune démarche administrative.

Qui peut en bénéficier ?

Destinée aux patients polypathologiques chroniques de plus de 65 ans, aux personnes en soins palliatifs, aux diabétiques sous insuline et aux patients ayant subi un AVC et hospitalisé il y a moins d’un an, l’Escap nécessite simplement l’accord du patient et la mobilisation d’au moins trois professionnels de santé, dont le médecin traitant. « Ce projet part des syndicats, des professionnels de santé eux-mêmes. L’idée, c’est de permettre une coordination souple autour du patient, d’encourager ce qui se fait déjà mais sans cadre spécifique, et de faire reconnaître et valoriser le travail de coordination des professionnels au quotidien », indique Mathilde Guest, directrice générale de l’UNPS.

Une application pour une meilleure opérabilité

Afin de rendre l’Escap opérationnelle, l’avenant l’assortit d’une application qui doit répondre à un cahier des charges de l’UNPS. Mise à disposition par les groupements régionaux d’appui au développement de l’e-santé (GRADeS) d’Auvergne-Rhône-Alpes et de Normandie, cette dernière devrait être bientôt déployée en Île-de-France, en Occitanie et dans le Grand Est.

Un outil de sélection et de communication intégré

« Lorsqu’un professionnel de santé, comme le pharmacien, repère un patient susceptible d’être suivi dans l’Escap, il se connecte à l’application pour remplir une “grille d’inclusion” », explique Mathilde Guest. Composée de 14 questions, elle permet d’attribuer au patient (exception faite des femmes enceintes) un score qui doit être au moins égal à 13 sur 26 pour l’inscrire au dispositif. L’application donne accès à un journal et à une messagerie. Créée automatiquement, chaque chaîne de messages est destinée au patient et regroupe les professionnels ayant accepté d’intégrer l’Escap. Pour ce faire, le professionnel sollicité reçoit une invitation sur la messagerie sécurisée de santé, qu’il pourra accepter ou refuser, après consultation de la fiche patient, dans un délai de 15 jours.

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Interopérable avec les services du numérique en santé

L’Escap est opérationnelle lorsque les trois membres prévus – dont le médecin traitant – ont accepté d’y participer. Interopérable avec les services socles du numérique en santé, la solution intègre la gestion de l’identité nationale de santé et l’identification électronique de l’intervenant. Elle permet également d’afficher – sans les stocker – les documents du dossier médical partagé via l’accès web du professionnel ou par une connexion directe, et d’y déposer les documents produits par l’Escap, directement ou via une interface complémentaire.

Une rémunération pour encourager la participation

Une aide forfaitaire de 100 € par an est prévue pour chaque professionnel qui en fera usage. 100 € de plus lui seront versés s’il est impliqué dans au moins cinq Escap.

Un dispositif évalué sur la qualité des coordinations

Enfin, l’application recueillera des données que les partenaires signataires utiliseront pour évaluer les coordinations formées (nombre et catégorie des intervenants, etc.), l’éventuelle amélioration de la prise en charge du patient et les hospitalisations évitées.

Le pharmacien, un acteur pivot

La participation aux Escap permettra également aux pharmaciens de valider l’item « exercice coordonné » pour le forfait structure, leur offrant ainsi un levier financier supplémentaire.

En tant que professionnels de proximité, les pharmaciens auront un rôle clé au sein des Escap : identifier des patients éligibles et les orienter vers cette solution ; assurer un suivi thérapeutique optimisé en lien avec les autres professionnels de santé ; utiliser la messagerie sécurisée pour signaler un problème d’observance ou d’effets secondaires ; renforcer le lien avec les médecins, infirmiers et tout autre professionnel de santé concerné, en particulier pour les patients polypathologiques ou sous insuline.