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Génériques, missions Osys : la décision de Sébastien Lecornu rend les médecins fébriles

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Génériques, missions Osys : la décision de Sébastien Lecornu rend les médecins fébriles

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Publié le 26 septembre 2025 | modifié le 29 septembre 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt

Sébastien Lecornu ne s’est pas cantonné à la suspension de la baisse des remises sur les médicaments génériques, il compte aussi confier d’inédites missions de soins aux officinaux. Un virage applaudi par les syndicats de pharmaciens, mais vécu comme une trahison par les médecins qui dénoncent « la fabrique d’une médecine au rabais ».

Au-delà de la suspension temporaire de la baisse des remises sur les médicaments génériques, le Premier ministre a souligné, mercredi 24 septembre, qu’il prenait très au sérieux la question de l’érosion du maillage officinal et de la dégradation de l’accès aux soins dans de nombreux territoires. Pour répondre à l’inquiétude des syndicats de pharmaciens, Sébastien Lecornu s’est engagé à accompagner prioritairement, par des aides financières et par le développement de missions de soins de proximité, 900 officines en difficulté situées dans des territoires ruraux et dépourvus de médecins généralistes. Plus encore, il a annoncé la généralisation de l’expérimentation OSyS, qui donnera aux pharmaciens les moyens d’orienter et de traiter les maux du quotidien (plaies simples, brûlures de premier degré, piqûres de tiques, conjonctivites ).

Vol d’actes médicaux

Cette avancée a été largement saluée par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et par l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO), mais du côté des médecins libéraux la réaction est toute autre. « Encore une fois, les syndicats de pharmaciens acceptent de voler des actes aux médecins, pour sauver des officines. Et je dis bien voler car ils ont accepté ces actes jusque-là réservés aux médecins, en l’absence des représentants des médecins autour de la table de discussion », déplore Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML-S), qui va même jusqu’à dénoncer « la fabrique d’une médecine au rabais. Les pharmaciens n’ont pas été formés à l’interrogatoire, à l’anamnèse, à l’examen et au suivi des patients, ils n’ont pas été formés au diagnostic. C’est intolérable. »

Réaction disproportionnée

Une réaction qui surprend Yorick Berger, porte-parole de la FSPF : « Cette position est déplacée. Nous sommes aujourd’hui confrontés à une problématique d’accès aux soins, notamment en milieu rural, qui ne peut pas rester sans solution. Les pharmaciens sont les premiers remparts contre ces déserts médicaux, dans lesquels les médecins n’ont pas forcément envie d’aller s’installer. » De son côté, Pierre-Olivier Variot déplore la réaction disproportionnée de l’UFML-S : « Les missions qui sont visées sont déjà, pour beaucoup, réalisées en officine. Elles seront simplement amplifiées. Il n’y a aucune raison de polémiquer sur le sujet. »

Toutefois, pour le collectif Santé en danger, « cet élargissement sans concertation avec les médecins est une pirouette politique qui vise à diviser le monde de la santé. Au-delà du mépris affiché aux médecins généralistes, la démarche du Premier ministre signe la mise à sac de notre système de Santé déjà bien éprouvé. » Gageons que ce bras de fer ne mette pas à l’épreuve la capacité de chacune des professions à collaborer dans un objectif commun : la santé des patients.

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