« Un conseil qui n’est pas écrit n’est pas retenu »

Les paroles s’envolent, les écrits restent. Ce proverbe né dans l’Antiquité a toujours valeur d’exemple de nos jours. Dans l’officine lyonnaise où elle exerce comme adjointe, Alice Picard prend le temps des explications pour conseiller les patients. Pour les médicaments mais aussi les solutions de phytothérapie, de micronutrition et d’aromathérapie dans lesquelles cette officine de quartier s’est spécialisée. « Les conseils sont simples à mettre en place mais pas toujours à retenir. Des clients nous disaient qu’ils ne s’en souvenaient plus en rentrant chez eux. D’où mon constat qu’un conseil non écrit n’est pas retenu », rapporte la jeune pharmacienne. Elle les note tout d’abord sur les boîtes de médicaments mais y trouve très vite des limites. La solution lui est donnée par ce qu’elle a sous ses yeux toute la journée : des prescriptions médicales. « Ce ne sont pas seulement des documents qui autorisent la délivrance de médicaments. L’ordonnance trouve toute son utilité dans le bon usage des médicaments et l’observance des traitements. » Alice Picard obtient l’adhésion de sa titulaire pour faire appel à un bloc-notes à en-tête de l’officine. Y sont aussi mentionnés la date – permettant éventuellement de réévaluer le conseil délivré – et le prénom de la personne qui l’a fourni. Ce qui permettra au client de s’adresser à nouveau à elle de retour à l’officine. Le recours au bloc-notes permet de structurer ses préconisations et d’être sûr de ne rien oublier : tout est noté. « En réponse à un mal de dos, par exemple, on peut recommander un myorelaxant, l’application de chaleur, la pratique du renforcement musculaire, la consultation d’un ostéopathe ou d’un kinésithérapeute, détaille Alice Picard. Si cela est approprié, nous associons les recommandations d’usage à nos conseils en phytothérapie et nutrition. »

Des dizaines de fiches chaque jour 

Au départ, les feuilles sont vierges. Dans le cas de situations fréquentes, comme pour certaines pathologies saisonnières, le document est prérempli avec des indications sur des protocoles types. Des dizaines de fiches sont ainsi établies chaque jour dans l’officine. « Surpris au début par la démarche, les clients se sentent davantage acteurs de leur santé. Et ils prennent conscience que celle-ci n’est pas seulement fondée sur le médicament. » L’adjointe a réponse aux objections sur son initiative. « Je peux comprendre la sensibilité des médecins sur leurs prérogatives de prescription. Mais nous ne prescrivons pas, nous délivrons des conseils. Nous sommes les spécialistes du remède comme les médecins sont ceux du diagnostic. » Quant à la persistance du conseil que lui donne cette formalisation, Alice Picard est formelle : « Qu’il soit écrit ou non, je n’en délivre pas si je ne suis pas sûre de moi à 100 %. A l’officine, notre responsabilité est engagée à tout moment. » 

Alice Picard est également la cofondatrice en 2022 d’Equilibrist, une marque axée sur la santé des femmes distribuée en pharmacie.

BIO Alice Picard

 

Passe l’internat à la faculté de pharmacie de Lyon (Rhône)

S’oriente vers l’officine après une thèse en neurosciences à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)

Lance l’idée d’un bloc-notes pour formaliser ses conseils