Téléservice Adac : entre complexification et aide à la dispensation

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Téléservice Adac : entre complexification et aide à la dispensation

Publié le 3 juin 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
C’est désormais officiel, le nouveau téléservice d’aide à la détection d’atypies de consommation (Adac) sera déployé dès l’automne dans les pharmacies. Il permettra notamment aux officinaux de s’informer sur la quantité de boîtes de bandelettes d'autosurveillance glycémique et de lecteurs de glycémie, pris en charge par l’Assurance maladie pour un patient déterminé.

Énième usine à gaz ou outil de simplification lors de la délivrance ? Certains ont d’ores et déjà tranché : « Voilà encore un outil qui va nous faire perdre un temps fou. On se demande vraiment si la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) saisira un jour ce qu’est la réalité de notre quotidien », regrette Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Ce fameux outil, c’est le nouveau téléservice d’aide à la détection d’atypies de consommation (Adac). Et il sera déployé à l’automne, la Cnam vient de le confirmer. Il informera les officinaux, via amelipro, de la quantité de boîtes de certains médicaments et dispositifs médicaux déjà,pris en charge par l’Assurance maladie pour un patient déterminé sur une profondeur d’historique donnée.

« Ce téléservice a d’ores et déjà été testé dans 52 pharmacies. Il concernera dans un premier temps les bandelettes glycémiques, certains lecteurs de glycémie et par la suite des médicaments sensibles et onéreux. Son objectif est de permettre d’informer le dispensateur d’une facturation au-delà du seuil réglementaire de prise en charge », explique la Cnam. Un concept vertueux… sur le papier. Le problème qui se dessine à l’horizon réside toutefois dans le fait qu’Adac « ne sera pas interopérable avec les logiciels de gestion officinale (LGO). Il est censé améliorer la qualité de notre travail, mais finalement cela va encore empirer les choses », poursuit Pierre-Olivier Variot.

27 millions d’euros – au moins – en ligne de mire

Conformément aux recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), l’arrêté du 25 février 2011 définit le plafond de prise en charge des bandelettes nécessaires à l’autosurveillance pour les patients diabétiques de type 2 non insulino-requérants à 200 unités par an. « En 2022, plus de 300 000 patients étaient concernés par un dépassement de ce seuil. Dans la dernière convention médicale, les partenaires se sont engagés mutuellement à un usage raisonné de ces dispositifs. L’Assurance maladie mènera des campagnes à l’attention des prescripteurs et des assurés et mettra en place ce compteur Adac à l’attention des pharmaciens », poursuit l’Assurance maladie. En 2022, pas moins de 27 millions d’euros de dépenses injustifiées avaient été observés par la Cnam.

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Asafo et Adac, même fiasco ?

A la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Antonin Bernard, auteur d’un livre blanc sur la simplification administrative, voit dans Adac « un nouveau fiasco à l’image du dispositif « Fausses ordonnances » Asafo. Si l’Assurance maladie mettait autant d’argent à développer des téléservices compatibles avec nos LGO qu’elle en met pour nous contrôler via l’intelligence artificielle, tout serait bien plus efficace ! ». La question qui se posera par la suite sera bien évidemment celle de la responsabilité du pharmacien qui aura délivré des bandelettes ou lecteurs sans reste à charge, au-delà du seuil autorisé. « Pour le moment, on nous dit que ce téléservice ne sera pas obligatoire, mais on anticipe bien qu’il y aura par la suite une obligation et de nouveaux indus à la clé, le cas échéant », regrette le représentant syndical. Car là est peut-être aussi la finalité d’Adac : confier aux pharmaciens une nouvelle mission de contrôle. Pour laquelle aucune rémunération n’est pour l’heure prévue.