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Ruptures de stock : la galère continue
Selon l’ANSM, 40 spécialités sont aujourd’hui en rupture de stock et 126 en tension d’approvisionnement. Les classes concernées – antidépresseurs, statines, antihypertenseurs – touchent des millions de patients chroniques. Pour les pharmaciens, la gestion quotidienne vire à l’absurde : réassorts imprévisibles, substitutions fragiles et patients inquiets.
Les chiffres de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) confirment une aggravation d’un phénomène devenu structurel. Avec 40 ruptures et 126 tensions simultanées, ce ne sont pas des traitements marginaux mais des molécules centrales de la prise en charge des pathologies chroniques qui vacillent. Chaque rupture isole davantage les patients, contraints de multiplier les appels et déplacements pour trouver leur traitement, au risque d’interrompre leur parcours thérapeutique.
Pharmaciens sous pression
« Les patients font le tour de toutes les pharmacies. Au comptoir, les tensions sont quotidiennes », constate Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), invité sur RTL. La gestion de ces pénuries est chronophage : « C’est presque 12 heures par semaine au téléphone avec les médecins pour identifier un traitement adapté et disponible », souligne-t-il.
Chaque ordonnance devient un terrain d’incertitude. Modifier une molécule ou une présentation rassure rarement le patient et, paradoxalement, contribue parfois à déplacer la pénurie : un traitement de substitution peut basculer à son tour en tension, par effet domino.
La spirale des substitutions
Cette mécanique illustre une fragilité systémique : un stock insuffisant dans un maillon du marché entraîne une pression accrue sur les alternatives, lesquelles s’épuisent à leur tour. Pour les pharmaciens, cela signifie expliquer, négocier, rassurer : sans certitude sur la disponibilité à moyen terme. « C’est une vraie galère », résume Pierre-Olivier Variot.
Une crise devenue structurelle
Au-delà de l’urgence quotidienne, c’est la gouvernance de la chaîne d’approvisionnement qui interroge. Malgré les plans de prévention des ruptures, la constitution de stocks stratégiques et la surveillance renforcée de l’ANSM, la situation ne se normalise pas. La répétition de ces pénuries mine la confiance des patients et consomme une part croissante du temps médical et officinal.
Pour les pharmaciens, l’enjeu n’est plus seulement d’assurer la dispensation, mais de contenir une crise de confiance dans le médicament lui-même.
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