Rupture de venlafaxine : des solutions, oui ou non ?

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Rupture de venlafaxine : des solutions, oui ou non ?

Publié le 20 mai 2025 | modifié le 21 mai 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Les pénuries de médicaments se multiplient dans le domaine de la psychiatrie. 14 tensions d’approvisionnement et ruptures de stock en médicaments psychotropes ont été publiées par l’ANSM depuis le 1er janvier 2025. La venlafaxine est, à l’heure actuelle, l’un des médicaments dont la rupture est la plus complexe à gérer. Quant aux solutions...

La pénurie de venlafaxine met en difficulté de nombreux pharmaciens. « Ce n’est pas un traitement de première intention. Il est mis en place lorsqu’il y a eu un échec ou une réponse partielle à un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine. On fait alors un switch vers un inhibiteur mixte sérotonine-noradrénaline, notamment la venlafaxine qui a un spectre plus large. Il est donc très compliqué de trouver un traitement de substitution. Il faut reprendre tout l’historique de ce qu’a déjà eu le patient, de la façon dont il a répondu à tel ou tel antidépresseur, et revoir son traitement ainsi que les contre-indications. Car, en psychiatrie, les patients prennent souvent plusieurs médicaments. Psychiatres, pharmaciens et infirmiers se retrouvent démunis », explique Anne-Laure Debruyne, pharmacienne au centre hospitalier Charles Perrens à Bordeaux (Gironde) et coresponsable du groupe de travail Psychiatrie au sein de la Société française de pharmacie clinique (SFPC).

La psychiatrie en détresse

Chaque jour, elle reçoit des appels de psychiatres contactés par des patients privés de leur traitement. « Ce que je fais en premier lieu, c’est du nomadisme officinal ! Je mets tout en œuvre pour trouver la molécule en passant, par exemple, par Vigirupture ou quellepharmacie.fr afin de permettre au patient de se procurer son traitement. Mais il ne faut pas se voiler la face, le plus souvent on ne trouve pas de venlafaxine, et les patients finissent malheureusement à l’hôpital faute d’une substitution efficace », regrette la pharmacienne. 

La libération prolongée en question

L’autre problématique liée à la venlafaxine réside dans sa composition, des microgranules contenus dans des gélules à libération prolongée (LP). « Impossible pour nous de lancer des productions de masse pour pallier la rupture. En cas de préparation magistrale, il s’agirait certainement de formes à libération immédiate (LI), ce qui nécessiterait une adaptation de posologie. Si l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) arrive à émettre des recommandations sur le passage d’une forme LP à une forme LI, pourquoi pas, mais encore faudrait-il qu’on trouve la matière première », souligne Gurvan Helary, président du syndicat national de la préparation pharmaceutique (SN2P). « Le passage de la forme LP à la forme LI est plus que complexe », confirme Anne-Laure Debruyne, citant un « cas récent d’une patiente hospitalisée suite au remplacement de la quétiapine à libération prolongée par la quétiapine à libération immédiate, comme préconisé dans les alternatives de l’ANSM. Elle n’a pas supporté ce changement. »

Un français sur cinq

Dans une tribune envoyée aux laboratoires pharmaceutiques et aux décideurs politiques, de nombreuses associations, syndicats et fédérations de médecins, pharmaciens et patients demandent que des mesures urgentes soient prises pour résoudre la crise. En France, un Français sur cinq souffre de troubles psychiques. On estime par ailleurs qu’environ 20 % des patients bipolaires non traités décèdent par suicide​ (source : Fondation FondaMental).

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