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Remises génériques : trois mois de répit, Osys en contrepartie
Le protocole signé le 24 septembre à Matignon suspend pour trois mois l’arrêté du 4 août plafonnant les remises sur les génériques à 30 %. Rétablies à 40 %, ces marges restent provisoires. En échange, le gouvernement lance une mission IGAS/IGF sur la distribution du médicament et promet la généralisation des protocoles Osys. Une victoire d’étape pour les syndicats, mais un terrain miné sur les plans économique et politique.
La mobilisation des pharmaciens, avec grève des gardes et pétitions massives, a contraint l’exécutif à infléchir sa position. Philippe Besset, président de la FSPF, parle d’« un cessez-le-feu obtenu de haute lutte », avant de prévenir : « La mobilisation est suspendue, mais nous restons en état d’alerte. »
Même tonalité du côté de l’USPO. Son président, Pierre-Olivier Variot, décrit « ce compromis permet de relancer le dialogue, tout en confortant le rôle de la pharmacie de proximité ».
Reste que cette suspension ne vaut que pour trois mois. Un délai jugé court, dans un contexte politique incertain où le gouvernement Lecornu pourrait vaciller à tout moment.
Transparence sur les flux financiers
Le protocole ne se limite pas aux remises. Il confie à l’Inspection générale des finances et à l’Inspection générale des affaires sociales une mission d’évaluation des circuits économiques. Objectif : suivre à la trace les marges de la distribution du médicament.
« Nous attendons que cette enquête mette enfin en lumière la réalité des marges et qu’elle ouvre la voie à une refonte de notre modèle de rémunération », insiste Philippe Besset. Le rapport est attendu avant la fin de l’année et pourrait déboucher sur un nouveau cadre conventionnel ou réglementaire. Mais les discussions ne reprendront qu’après la nomination du futur ministre de la Santé.
Osys en vitrine
En contrepartie, le gouvernement mise sur l’accélération des protocoles Osys. Leur généralisation figure dans la proposition de loi portée par Philippe Mouiller, déjà adoptée au Sénat mais en attente à l’Assemblée.
Le plan présenté par Matignon prévoit d’étendre les protocoles existants : orientation des patients pour les angines et cystites, renouvellement de contraceptifs oraux jusqu’à six mois après expiration de l’ordonnance, prolongation de traitements chroniques stables jusqu’à trois mois.
Mais les syndicats préviennent : sans valorisation adaptée, le dispositif ne tiendra pas. « On ne peut pas demander aux pharmaciens de réaliser des actes cliniques pour des montants symboliques », dénonce Pierre-Olivier Variot. Il cite notamment « une vaccination prescrite rémunérée 2,10 €, un tarif qui ne couvre même pas le temps passé ».
Le maillage officinal en première ligne
Pour Matignon, les officines doivent être le socle du projet « Maisons France Santé ». « Près de 1 000 pharmacies sont aujourd’hui le seul acteur de santé de leur commune. Ce sont elles qui doivent devenir la maille territoriale de demain », a déclaré le Premier ministre devant les syndicats.
Un rôle que les représentants de la profession ne contestent pas, mais à condition d’obtenir des garanties financières. « Le sujet n’est pas l’existence de ces missions, mais leur traçabilité, leur rémunération et leur reconnaissance », insiste Philippe Besset.
Trois mois pour convaincre
Derrière ce compromis, c’est bien la survie économique du réseau officinal qui se joue. La profession attend des avancées concrètes sur trois points : transparence des marges, stabilisation de la rémunération et juste valorisation des missions.
Le compte à rebours est enclenché : trois mois pour prouver que la pharmacie n’est pas une variable d’ajustement budgétaire, mais un maillon central de la santé de proximité.
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