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Remises génériques : la fronde parlementaire met le gouvernement sous pression
À quelques jours de l’entrée en vigueur de l’arrêté plafonnant les remises sur les médicaments génériques, la pression s’intensifie sur le gouvernement. Des députés de tous bords ont multiplié les questions écrites au ministre de la Santé. Dans le même temps, l’USPO vient d’adresser une lettre ouverte au Premier ministre exigeant la suspension immédiate de l’arrêté.
De l’opposition comme de la majorité, les députés alertent sur une réforme jugée brutale et dangereuse. Leur arme : des questions écrites soumises au ministre de la Santé, obligeant ce dernier à répondre publiquement. Un instrument fort de contrôle de l’action du gouvernement.
François Jolivet (Horizons & Indépendants) l’affirme : « dans les zones rurales, 80 % du chiffre d’affaires des officines repose sur les médicaments remboursables, dont l’écrasante majorité sont des génériques. La réduction des remises pourrait donc priver de nombreuses pharmacies d’un tiers de leurs ressources, menaçant directement leur survie. » Le député réclame « des garanties pour préserver l’équilibre économique des officines, et maintenir un accès équitable aux soins sur l’ensemble du territoire. » Il demande également au gouvernement de rouvrir les négociations avec la profession, à l’instar de Marietta Karamanli (Socialistes et apparentés). Pour cette dernière, « le réseau des pharmacies de quartier ou de village risque d’être mis à mal, faute de rentabilité. 52 % d’entre elles envisagent déjà de fermer dans les cinq prochaines années ».
Evaluation des impacts
De son côté, Marc de Fleurian (Rassemblement National) accuse le gouvernement de faire fausse route : « Loin de réduire le coût pour la Sécurité sociale, la mesure renforcerait surtout le pouvoir des laboratoires et grossistes, tout en augmentant le reste à charge pour les assurés. » Il réclame la suspension immédiate de l’arrêté abaissant le plafond des remises sur les médicaments génériques. Enfin, pour Sophie Ricourt Vaginay (Union des Droites pour la République) « les conséquences en zones rurales, où la pharmacie est souvent le dernier service de santé disponible, sont préoccupantes ». La députée demande elle aussi la suspension de l’arrêté tant qu’une évaluation territoriale sérieuse sur les impacts en milieu rural n’a pas été menée.
Ces questions écrites au gouvernement obligent le ministre de la Santé à fournir une réponse officielle, qui dans les cas les plus urgents doit être donnée dans un délai de dix jours. Le dossier brûlant des remises génériques ne pourra pas être éludé de l’agenda politique.
L’USPO hausse le ton
En parallèle, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO) vient d’adresser une lettre ouverte au Premier ministre pour dénoncer sa « politique court-termiste ». Son président, Pierre-Olivier Variot, dénonce un choix qui « prend dans la poche des 20 000 pharmacies et de leurs 146 000 salariés » pour satisfaire une industrie du générique largement financiarisée et contrôlée par des fonds étrangers. Il avertit : si l’arrêté est appliqué, des officines fermeront définitivement et certaines missions de proximité cesseront faute de financement (préparation des piluliers pour les Ehpad, prise de tension gratuite, stockage des prélèvements biologiques…). Le syndicat réclame la suspension immédiate de l’arrêté et l’ouverture sans délai d’une négociation conventionnelle avec l’Assurance maladie.
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