Piliers pilés

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Publié le 1 juin 2024
Par Laurent Lefort
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Des rideaux baissés, des manifestations dans toute la France, un jour de grève et une date qui se répète, le 30. Le 30 mai n’a décidément pas été une journée comme les autres pour les équipes officinales. Il ne s’agit pas non plus, pour elles, d’un événement inédit. Leur dernier mouvement de protestation avait eu lieu en 2014, un… 30 septembre. En jeu, une réforme, celle des professions réglementées, proposée à l’époque par un certain Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique. 87 % des pharmacies avaient alors fermé et 10 % avaient été réquisitionnées pour assurer le service de garde*. Dix ans plus tard, le ministre est plus qu’un ministre, mais la crainte des pharmaciens est redevenue la même face aux menaces qui se précisent. Pour les habitants comme pour les élus locaux, l’une d’entre elles est déjà tangible : la fragilisation du maillage territorial. Et cette répartition démogéographique, jusqu’alors exemplaire dans son homogénéité, est un sujet qui concerne tous les pharmaciens sans exception. Qu’ils exercent dans de petites officines ou dans des grosses, que celles-ci soient épargnées par la désertification médicale et l’exode de population ou non. Car le maillage est un élément constitutif de l’image (fondée) de proximité attachée à toutes les pharmacies. Réputation sur laquelle s’appuie leur caractère indispensable. Le maillage est, par ailleurs, d’autant plus préoccupant qu’il est l’un des trois piliers aux côtés du monopole et de la détention « protégée » du capital. Si l’un de ces socles est touché, il y a fort à parier que les deux autres seront détricotés. Voilà pourquoi les équipes du Moniteur des pharmacies ont imaginé ce numéro thématique. Un numéro spécial de plus ? Non, un engagement. La promesse de défendre la singularité du modèle officinal français et de ses valeurs au service des patients. Libre, indépendant, rassurant et, osons le mot, altruiste.

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