Michel-Édouard Leclerc aura-t-il sa carte à l’Ordre des pharmaciens ?

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Michel-Édouard Leclerc aura-t-il sa carte à l’Ordre des pharmaciens ?

Publié le 16 septembre 2025
Par Christelle Pangrazzi

Le président du groupe E.Leclerc veut peser sur le débat pharmaceutique. Après avoir multiplié les offensives en faveur de l’ouverture du marché du médicament, il annonce son intention de demander à l’Ordre national des pharmaciens la création d’une section dédiée aux pharmaciens exerçant dans les parapharmacies de la grande distribution.

« L’Ordre des pharmaciens mène la guerre aux docteurs en pharmacie qui travaillent chez nous », a lancé Michel-Édouard Leclerc le 16 septembre, lors d’une intervention publique sur BFM TV. « Ils ont la même formation que les autres, mais on les prive de reconnaissance. Je vais prendre contact avec l’Ordre pour créer, en son sein, une section spécifique aux pharmaciens de la grande distribution, comme il en existe déjà pour l’industrie ou la recherche. »

Concrètement, l’enseigne souhaite que les pharmaciens diplômés employés dans les 300 parapharmacies du réseau puissent être représentés et encadrés par l’Ordre au même titre que leurs confrères exerçant en officine, à l’hôpital, dans l’industrie ou la biologie médicale.

La bataille de la légitimité

Depuis plus de vingt ans, le Mouvement Leclerc milite pour l’ouverture du marché du médicament d’automédication. Début 2025, l’enseigne a célébré l’ouverture de sa 300e parapharmacie. Ce réseau, qui a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires de 532 millions d’euros, s’articule autour de trois univers : beauté, hygiène et santé.

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Mais, pour Michel-Édouard Leclerc, la légitimité reste un point d’achoppement. « On nous a retiré la vente des autotests Covid, vous vous rendez compte ? », rappelle-t-il. « Pourtant, nos pharmaciens sont qualifiés, ils pourraient répondre aux besoins des patients, surtout dans un contexte de précarité croissante. »

« Une santé moins chère » comme horizon

Le patron du Mouvement insiste sur sa ligne directrice : l’accès au soin à bas prix. « Nous pouvons participer à une santé moins chère, avec de vrais personnels qualifiés, respectant le cahier des charges de l’Ordre des pharmaciens », affirme-t-il.

La démarche intervient alors que la question de l’ouverture partielle du monopole officinal à certains médicaments en libre accès continue d’agiter le secteur. En face, les syndicats et l’Ordre ont toujours défendu la spécificité du modèle officinal, en arguant de la sécurité du circuit du médicament, de la traçabilité et du rôle de conseil du pharmacien d’officine.

Un nouveau front dans la guerre du médicament

Cette initiative ouvre un nouveau front : l’intégration des pharmaciens salariés des parapharmacies au sein de l’Ordre. Si elle se concrétise, elle pourrait rebattre les cartes de la représentation professionnelle et relancer le débat sur le périmètre du monopole pharmaceutique.

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