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Manifestation des pharmaciens du 18 septembre : « Les industriels se gavent, les patients crient famine »
Entre 100 et 300 pharmaciens, préparateurs, étudiants et représentants de groupements se sont rassemblés ce 18 septembre devant le ministère de la Santé, avenue Duquesne à Paris. Dans une ambiance à la fois combative et bon enfant, les syndicats ont dénoncé le « massacre programmé » des officines, entre plafonnement des remises et baisses massives de prix des génériques.
« Débordés au comptoir, dépouillés à la caisse », « Les industriels se gavent, les patients crient famine », ou encore « Pharmacies en danger, santé menacée » : les slogans brandis sur des pancartes improvisées résumaient la colère d’une profession qui dit ne plus pouvoir tenir.
Une colère mise en scène
Blouses blanches et gilets verts donnaient le ton. Les organisateurs ont chauffé la foule, micro en main, multipliant les appels à « faire du bruit pour se faire entendre jusque dans les bureaux du Comité économique des produits de santé ».
« Beaucoup de petites officines, dont la mienne, fermeront d’ici un ou deux ans si rien ne change », a lancé Frédéric Loup, co-président de la chambre syndicale des pharmaciens de Paris (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France – FSPF).
200 millions d’euros dans la balance
Au cœur de la contestation, la réunion du Comité économique des produits de santé (CEPS) programmée à 14 heures, où devaient être entérinées de nouvelles baisses de prix sur 53 groupes génériques, représentant 200 millions d’euros d’économies pour l’Assurance maladie.
« Habituellement, ces réunions génèrent une trentaine de millions d’euros de baisses. Cette fois, on parle de 200 millions. C’est inédit et dramatique », a dénoncé Guillaume Racle, élu national à l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
La double peine pour l’officine
Ces baisses s’ajoutent au plafonnement des remises commerciales (30 % sur les génériques, 15 % sur les biosimilaires), en vigueur depuis le 1er août.
« Pour réaliser 200 millions d’économies, l’État prend en réalité 350 millions dans la poche des officinaux », a martelé Guillaume Racle. Un effet ciseau redoutable, qui combine marges écrasées et remises neutralisées.
Une unité rare de la profession
La manifestation a rassemblé toutes les composantes de la pharmacie.
« Sans les préparateurs, les pharmaciens ne sont rien. Sans les étudiants, pas d’avenir pour l’officine. Cette unité est notre seule force », a rappelé Jean-Claude Pothier, président d’Apsagir.
Même message du côté des groupements : « L’économie du générique, c’est notre poumon. En l’écrasant, on asphyxie toutes les pharmacies, petites et grandes », a alerté Laurent Filoche, président de l’UDGPO (Union des groupements de pharmaciens d’officine).
Les étudiants de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) ont également pris la parole : « Nous sommes là car c’est aussi notre avenir qui se joue. La fermeture des officines, c’est moins de terrains de stage, moins d’emplois, et surtout moins de pharmacies pour les patients. »
Vers un tournant politique ?
Les interventions ciblaient directement le gouvernement. « Cela fait vingt ans qu’on nous demande des efforts. Résultat : 4 000 pharmacies ont déjà fermé. Si cette logique se poursuit, ce sont 5 000 de plus qui disparaîtront », a averti Christophe Cluzel, président de la chambre syndicale des pharmaciens des Yvelines (FSPF).
En coulisses, les discussions vont bon train : plusieurs responsables syndicaux confiaient que « grâce à la mobilisation massive dans toute la France, l’abrogation de l’arrêté du 4 août ne serait plus taboue ».
L’avenue Duquesne a ainsi résonné d’une colère mêlée d’espoir : celle d’une profession qui veut croire qu’en se mobilisant, elle peut encore infléchir le cours des décisions.
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