« Les violences ne doivent plus être un tabou »

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Publié le 19 septembre 2020
Par Marianne Maugez
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La HAS a publié, en novembre 2019, une tribune de professionnels de santé engagés contre les violences faites aux femmes. Parmi les signataires, Gwendoline Galou, titulaire en Mayenne. Son engagement va bien plus loin.

En plein confinement, en mars dernier, Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, n’a pas hésité à solliciter l’aide des officines contre les violences faites aux femmes*. Gwendoline Galou, installée à Laval (Mayenne) « en zone dite prioritaire », elle, n’a pas attendu le coronavirus pour agir. Un peu plus de 16 ans que la pharmacienne apprend à connaître sa patientèle. Parce qu’elle y est particulièrement sensibilisée, elle remarque que la violence est partout, insidieuse. « J’ai moi-même été confrontée à des problèmes de violence psychologique ». Loin d’en faire un sujet tabou, Gwendoline Galou a même décidé de pratiquer l’inverse de la politique de l’autruche : « Quand une cliente vient pour la troisième fois parce qu’elle s’est cognée dans une porte, il est plus qu’impératif de poser des questions et de ne pas craindre d’être intrusif ». Elle prend le temps qu’il faut pour discuter dans un espace confidentiel à l’abri des regards. « Je ne suis pas là pour juger, mais c’est mon rôle d’expliquer qu’un comportement n’est pas acceptable ». Et si une patiente lui demande, elle n’hésite pas à l’accompagner au commissariat pour déposer une main courante. « Il est très difficile d’aller au bout de cette démarche. Certaines victimes subissent aussi une pression énorme de leur communauté, elles savent qu’elles vont être mises à l’écart. Je ne vais pas en plus leur refuser mon aide. »

Téléphone grave danger

Il n’y a pas qu’à la pharmacie que la titulaire met tout en œuvre pour soutenir les femmes victimes de violence. En 2014, après six années dans l’opposition, elle est élue adjointe au maire en charge du social. Campagne d’affichage dans les commerces pour lutter contre le harcèlement, mise en place du dispositif Téléphone grave danger, travail conjoint avec la Citad’Elle, lieu d’accueil pour les femmes victimes de violences, se succèdent. « Toujours en collaboration avec la police et la gendarmerie. » Malgré tout, les chiffres continuent de grimper. « Une réalité ou l’expression que les langues se délient, on ne peut pas savoir, mais cela nous pousse à poursuivre nos efforts ». Gwendoline Galou sait que le chemin est encore long. « Je le vois à la pharmacie. J’ai une équipe qui fait preuve de bienveillance envers les patientes, mais il lui est difficile de prendre les devants. On me prévient en cas de doute sur une situation et on attend de moi que j’y aille. Il y a une certaine réticence à poser des questions, je pense que c’est avant tout dû à un manque de formation et à une peur de mal faire. » Inclure des modules de psychologie et de communication lors des études de pharmacie lui semble essentiel. L’information aux professionnels sur la procédure à suivre en cas de problème est aussi, selon elle, à améliorer. « Il y a un manque de repères : comment accompagner nos patientes, où s’adresser ». Même si la Haute Autorité de santé (HAS), qui a publié en novembre 2019 une tribune de professionnels de santé signée par Gwendoline, a élaboré deux fiches à l’attention des professionnels de santé (has-sante.fr).

  • * Le 39 19 est le numéro d’écoute national anonyme et gratuit destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels de santé.

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BIO Gwendoline Galou

2003 Installation à Laval (Mayenne)

2014 Elue adjointe au maire

2019 Signature de la tribune antiviolence publiée par la HAS