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Les pharmaciens sont-ils parmi les moins bien payés du système de santé ?
La cuvée 2025 de l’Observatoire Fiducial met une nouvelle fois en lumière un paradoxe : si les pharmaciens brassent des millions d’euros de chiffre d’affaires, disposent d’une trésorerie hors norme, leur rémunération personnelle reste comprimée.
En moyenne, une officine génère 2,26 M€ de chiffre d’affaires HT. Pourtant, le titulaire ne dégage qu’une rémunération annuelle de 64 461 € (hors distribution éventuelle de dividendes). C’est à peine plus qu’un médecin généraliste et c’est nettement moins qu’un chirurgien-dentiste.
L’explication est structurelle : 71 % du chiffre d’affaires est représenté par les achats revendus, les charges de personnel pèsent 11 %. Du coup, le résultat de l’exercice plafonne à 11 % avant impôt.
« Une trésorerie qui tient lieu de bouclier »
La solidité de l’officine ne vient pas de la rentabilité, mais de la trésorerie : 201 000 € en moyenne. Cet amortisseur financier, lié aux flux quotidiens et à la gestion des stocks (46 jours en moyenne), donne aux pharmaciens une capacité d’investissement sans équivalent.
Mais cette force est aussi une contrainte : avec 5,2 salariés par officine, le titulaire doit maintenir en permanence un volant de liquidités pour sécuriser son exploitation. La trésorerie est une protection… mais aussi le signe d’un modèle où la masse salariale pèse plus lourd que la rémunération du dirigeant.
L’officine, une entreprise avant tout
Selon l’Observatoire, le pharmacien type est une femme exploitante individuelle, en zone urbaine, pilotant une équipe salariée et modernisant son outil de travail (19 % d’officines robotisées, 35 % dotées d’étiquettes électroniques). Contrairement aux médecins ou infirmiers, ce chef d’entreprise n’exerce pas seul mais à la tête d’une organisation collective.
Là réside la singularité : le pharmacien n’est pas un libéral classique mais un entrepreneur-santé, dont la rémunération personnelle dépend de l’équilibre économique global de son entreprise.
Comparatif avec les autres professions
- Médecins généralistes : 180 230 € d’honoraires, dont 57 % conservés en résultat d’exploitation ; trésorerie : 33 656 €.
- Infirmiers libéraux : 88 984 € d’honoraires, 55 % de résultat d’exploitation ; trésorerie : 8 938 €.
- Chirurgiens-dentistes : 354 410 € d’honoraires, 37 % de résultat d’exploitation ; trésorerie : 38 644 €.
- Pharmaciens : 2,26 M€ de CA, 11 % de résultat avant impôt ; trésorerie : 201 000 €.
Le verdict est sans appel : les pharmaciens apparaissent parmi les moins bien rémunérés du système de santé rapporté à l’échelle de leur activité. Là où médecins, infirmiers et dentistes convertissent quasi directement leurs honoraires en revenu personnel, le pharmacien voit sa rémunération diluée par le poids d’un modèle d’entreprise.
Une question politique
Ces chiffres posent une question de fond : peut-on traiter les pharmaciens comme de simples libéraux de santé alors que leur modèle économique est celui d’une PME ? Leur revenu personnel, limité à 64 000 €, ne reflète pas la responsabilité assumée en matière de gestion d’équipes, de stocks et de services aux patients.
Au moment où l’État cherche à redéfinir le rôle des officines dans le système de santé, cette singularité économique mérite d’être prise en compte : le pharmacien est moins rémunéré qu’un dentiste ou un médecin tout en portant un risque entrepreneurial et un maillage territorial sans équivalent.
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