Le gouvernement Bayrou va-t-il tomber le 8 septembre prochain ?

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Le gouvernement Bayrou va-t-il tomber le 8 septembre prochain ?

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Publié le 5 septembre 2025
Par Christelle Pangrazzi
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À trois jours du vote de confiance, François Bayrou multiplie les appels à la responsabilité et aux compromis. Mais face à une opposition déterminée et des socialistes déjà tournés vers l’après-Bayrou, le scénario d’une chute du gouvernement paraît de plus en plus crédible.

Depuis la mi-août, François Bayrou est omniprésent dans les médias. Après TF1, les chaînes d’info en continu et désormais BFM-TV/RMC, le Premier ministre tente de convaincre que la stabilité prime sur les clivages. « Nous avons à construire l’avenir ensemble », plaide-t-il, se disant prêt à « discuter sur tout, y compris sur le travail » avec les socialistes.

Mais cette ouverture s’accompagne de positions fermes : maintien de la réforme des jours fériés, défense d’un encadrement plus strict de l’aide médicale d’État (AME).

Macron appelle ses ministres à « la mobilisation »

En conseil des ministres, Emmanuel Macron a exhorté son gouvernement à se serrer les coudes. « Quel que soit le vote, la situation de la France ne sera pas résolue », a rapporté la porte-parole Sophie Primas.

Le président sait que la majorité relative ne suffit plus et que seule une alliance budgétaire avec les socialistes permettrait de gagner du temps.

Les socialistes déjà tournés vers l’après-Bayrou

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, ne cache pas son ambition : « Nous sommes à la disposition du chef de l’État pour discuter des conditions dans lesquelles nous pourrions occuper les places gouvernementales », a-t-il affirmé.

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Pour François Bayrou, cette stratégie est « risquée » et « pas très cohérente » : « Est-il logique de dire “je vais abattre votre gouvernement et après vous me soutiendrez” ? » interroge-t-il.

Le budget, nœud du conflit

Le ministre de l’Économie Éric Lombard reconnaît que des compromis budgétaires avec le PS seront « inévitables ». Les socialistes proposent une réduction du déficit de 21,7 milliards d’euros en 2026, contre 44 milliards d’euros prévus par le gouvernement.

« Ils vont trop loin dans la baisse de l’effort budgétaire », tempère Lombard, tout en jugeant qu’« une marge de discussion » existe.

Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, évoque d’autres pistes, comme un élargissement des assiettes de cotisation aux revenus du capital ou aux successions, pour éviter une réforme trop brutale des jours fériés.

Une opposition déterminée

Les critiques fusent de tous bords. À gauche, Jérôme Guedj (PS) accuse François Bayrou d’avoir « raté le coche » en ne consultant pas plus tôt. À droite, Florence Portelli (LR) parle de « deux kamikazes à la tête de l’État ».

Le RN, par la voix de Jordan Bardella, tente de se présenter comme le garant de la stabilité économique auprès des entreprises, tout en rejetant la responsabilité de l’incertitude sur l’exécutif.

Vers un basculement historique ?

Jamais, sous la Ve République, un gouvernement n’a été renversé à l’issue d’un vote de confiance. Mais avec un bloc gauche-RN représentant près de 330 sièges, la majorité présidentielle paraît numériquement hors d’état de résister.

Si la confiance est refusée lundi 8 septembre, François Bayrou devra remettre la démission de son gouvernement. Emmanuel Macron aura alors le choix : tenter une nouvelle coalition ou dissoudre l’Assemblée nationale.

Quid des réformes ?

  • Remises commerciales : la réforme du plafonnement des remises sur les génériques et biosimilaires, attendue dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 (PLFSS), pourrait être gelée en cas de chute du gouvernement. Les négociations avec les syndicats et Bercy resteraient en suspens, laissant les officines dans l’incertitude économique.
  • Aide médicale d’État (AME) : François Bayrou défendait un durcissement des conditions de prise en charge pour les étrangers sans papiers. Si son gouvernement tombe, cette mesure – vivement critiquée par la gauche – a de fortes chances d’être abandonnée.
  • Franchises médicales : l’augmentation des franchises sur les soins et médicaments, inscrite dans la trajectoire budgétaire 2026, pourrait être réexaminée. Les oppositions de gauche en demandent l’annulation, et même au sein de la majorité, le consensus est fragile.
  • Trajectoire budgétaire : le gouvernement visait une réduction du déficit public de 44 milliards d’euros en 2026. Les socialistes proposent un ajustement deux fois moindre (21,7 milliards d’euros). Le vote du 8 septembre sera décisif pour savoir si la ligne de rigueur voulue par Bercy sera maintenue ou infléchie.

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