La couleur du gilet

Puisqu’on en est rendu à remplir le cahier des doléances, tout juste remarquera-t-on que la santé est rapidement abordée par Emmanuel Macron dans sa Lettre aux Français. Et qu’elle trouve sa place dans le premier sujet, celui qui porte sur « nos impôts, nos dépenses et l’action publique. » Fin de la parenthèse.

Des doléances, les médecins en ont eux aussi, comme on a pu le constater le 16 janvier lors de la cérémonie des vœux de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Pour la négociation sur les assistants médicaux, le syndicat souhaite que tout médecin, même en exercice isolé, puisse avoir son assistant. Et, alors que s’ouvrent les négociations interprofessionnelles avec l’Assurance maladie sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS)*, le syndicat pose ses conditions : pas de cadre contraint et respect de la volonté entrepreneuriale des médecins libéraux. Jean-Paul Ortiz, son président ne laisse pas planer le doute : « Si la volonté des médecins libéraux se heurte aux visions étatiques et bureaucratiques habituelles, les gilets blancs pourraient bien remplacer les gilets jaunes car le système de santé va mal et les Français le savent bien. » C’est un fait, le système est mal en point. Mais les esprits persifleurs ne pourront s’empêcher de penser que l’absence de contraintes ou d’impératifs à l’installation des médecins a aujourd’hui sa part de responsabilité dans la nécessité de réorganiser de fond en comble le système de santé. D’autres feront remarquer que les pharmaciens sont eux-mêmes des chefs d’entreprise. Toujours présents là où l’on a besoin d’eux.

* Lire aussi notre entretien avec Nicolas Revel, directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie pp. 20 à 25.