« Festival des cannes » : les pharmaciens montent les marches de la colère

« Festival des cannes » : les pharmaciens montent les marches de la colère

Réservé aux abonnés
Publié le 11 juillet 2025 | modifié le 15 juillet 2025
Par Sana Guessous
Mettre en favori

Jeudi 10 juillet, les kinésithérapeutes ont largement répondu présents à l’appel à mobilisation lancé par leur intersyndicale pour protester contre le gel de leurs revalorisations. Une action de protestation symbolique à laquelle les pharmaciens ont participé par solidarité.

Un drôle de « festival des cannes » a eu lieu devant les caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) d’une quarantaine de villes. Des dizaines de cannes anglaises, mais aussi des blouses usées et des déambulateurs, se sont en effet amoncelés à l’entrée des caisses, apportés par des masseurs-kinésithérapeutes en colère. « Pendant que nos cabinets s’épuisent, les décideurs détournent le regard », accuse leur intersyndicale, à l’initiative de ce sit-in symbolique contre « la décision brutale de suspendre les revalorisations de nos actes à 10 jours de leur application. » Le désengagement de l’Assurance maladie n’est pas le seul grief des kinésithérapeutes : « Il faut dire stop à l’usure quotidienne de notre métier, au sous-financement chronique et à la dévalorisation systématique de nos actes », tonne la Fédération de syndicats de kinésithérapeutes (FFMKR).

Les pharmaciens en renfort

De nombreux pharmaciens ont tenu à participer à cette action. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a invité ses adhérents à « accompagner les kinésithérapeutes en apportant du petit matériel médical que notre patientèle nous ramène dans les officines. » Pour Franck Basque, secrétaire général de la FSPF, « ce matériel se devait d’être en bon état d’usage afin que des associations comme Pharmacie humanitaire internationale (PHI) puissent le récupérer. » Pas question de déposer des médicaments non-utilisés (MNU) et encore moins des Dasri : « Je sais que certains pharmaciens ont proposé d’apporter ce genre de produits médicaux usagers. C’est dangereux et contraire à l’esprit vertueux de nos actions », poursuit le pharmacien.

Les officinaux et kinés sont les locomotives de la mobilisation

« Nous souhaitons être solidaires des autres professionnels de santé trahis », assure Cyril Colombani, président de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO) des Alpes-Maritimes. Une action similaire a été menée par des officinaux dès le premier juillet dans ce département : « Nous avons récupéré les tiroirs en métal d’une pharmacie qui venait de fermer et les avons déposés devant la CPAM en signe de protestation contre la baisse du plafond de remises génériques », raconte le syndicaliste, pour qui il s’agit de montrer que « les modes d’action contre les mesures dangereuses de l’État peuvent être multiples et variés. » Et que la mobilisation ne s’essoufflera pas : « Nous mènerons le combat, sur le long terme s’il le faut. Pour l’instant, ce sont les pharmaciens et les kinésithérapeutes qui portent le mouvement. Je ne me souviens pas d’actions interprofessionnelles de cette ampleur. J’aimerais pouvoir fédérer les autres professions de santé autour d’une idée forte : défendre le soin de proximité, notre identité et continuer de mener nos missions de santé publique », espère Franck Basque.

Publicité