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Tarifs gelés, remises plafonnées : médecins, kinés et pharmaciens manifesteront le 1er juillet

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Tarifs gelés, remises plafonnées : médecins, kinés et pharmaciens manifesteront le 1er juillet

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Publié le 23 juin 2025 | modifié le 27 juin 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Revalorisations suspendues, plafonnement des remises commerciales à 20 % : les professionnels de santé libéraux dénoncent des décisions unilatérales et appellent à une mobilisation nationale le 1er juillet. Les pharmaciens rejoignent le mouvement.

Le climat se tend entre les professions libérales de santé et les tutelles. Vendredi 20 juin, deux annonces ont provoqué une onde de choc : le report à janvier 2026 des revalorisations tarifaires prévues pour plusieurs professions de santé, et la décision de plafonner à 20 % les remises commerciales sur les médicaments génériques, sans concertation préalable. Résultat : une mobilisation nationale est prévue le 1er juillet, à l’appel de l’Union nationale des professions de santé (UNPS), qui regroupe 23 syndicats. Les pharmaciens s’y joindront, aux côtés des médecins, kinésithérapeutes et chirurgiens-dentistes.

Alerte budgétaire et gel des hausses

L’avis publié par le Comité d’alerte sur l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) a enclenché automatiquement le gel des revalorisations actées dans les conventions. Prévue par l’article L.162-14-1-1 du code de la sécurité sociale, cette procédure impose la suspension des hausses postérieures à l’avis. Sont notamment concernées :

– la consultation pédiatrique obligatoire, qui devait passer de 54 à 60 € au 1er juillet ;

– la revalorisation des actes de kinésithérapie musculosquelettique, prévue à 8,10 € l’acte, contre 7,47 € actuellement.

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La Cnam a confirmé ce report comme une application « automatique » du droit, non une décision politique. Mais du côté des syndicats, le choc est réel. « Les kinés sont les victimes d’un arbitrage aveugle », dénonce Guillaume Râles, président du Syndicat National des Masseurs-Kinésithérapeutes Rééducateurs (SNMKR). « C’est une trahison inacceptable », renchérit la Fédération Française des Masseurs‑Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR), qui évoque un gel subi après deux ans de négociations.

Pharmaciens : l’alerte sur les remises

Le même jour, vendredi 21 juin, les pharmaciens ont appris la baisse du plafond légal des remises commerciales sur les génériques, qui sera fixé à 20 %, contre 40 % précédemment. Cette décision, prise hors de tout débat parlementaire, est perçue comme un signal d’hostilité envers l’économie officinale.

Pour les syndicats de pharmaciens, le choc est double : aucune concertation n’a précédé cette annonce, et aucun mécanisme de compensation n’est envisagé pour l’instant. « C’est un coup de poignard dans le dos du réseau officinal, surtout dans les zones rurales », déplore les représentants des deux syndicats majoritaires. De nombreux titulaires, déjà fragilisés par l’inflation des coûts et la baisse des volumes, redoutent un effet domino sur la trésorerie et l’emploi officinal.

Une mobilisation de rupture

Dans un communiqué commun, l’UNPS appelle l’ensemble des professionnels à se mobiliser le 1er juillet pour défendre la stabilité du cadre conventionnel. Les pharmaciens, représentés par l’USPO et la FSPF, ont confirmé leur participation.

Le syndicat des masseurs-kinésithérapeutes Alizé rappelle de son côté que les hausses prévues pour juillet avaient été étalées volontairement sur deux ans pour respecter la trajectoire budgétaire négociée avec la Cnam. Les médecins quant à eux fustigent une « convention piétinée par le gouvernement » et une méthode qui « détruit la confiance », selon les mots du Dr Franck Devulder de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF).

Une journée décisive

Le 1er juillet s’annonce comme une journée test pour la crédibilité de la parole publique dans le secteur de la santé. En quelques heures, deux signaux – le gel des hausses et le plafonnement des remises – ont ravivé un sentiment d’instabilité contractuelle.

La mobilisation s’annonce massive. Et pour la première fois depuis des années, l’ensemble des professions libérales de santé parleront d’une seule voix.

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