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Déprescription : mais de quoi parle-t-on ?
La déprescription était au cœur des échanges le 20 mars 2025 à Strasbourg (Bas-Rhin), lors d’un colloque coorganisé par l’agence régionale de santé (ARS) et l’Observatoire du médicament, des dispositifs médicaux et de l’innovation thérapeutique (Omédit) du Grand Est. Si la pratique a intégré officiellement la convention médicale de 2024, elle mobilise désormais les pharmaciens d’officine.
« La déprescription, c’est l’arrêt des traitements dont la balance bénéfices/risques est devenue défavorable pour le patient. Mais elle ne se résume pas à un acte technique, médical. Elle repose sur une concertation constante entre médecins, pharmaciens et les autres professionnels de santé », a souligné Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale de l’ARS Grand Est, en ouverture du colloque.
Une démarche fondée sur l’évaluation régulière du traitement
Les principes de la déprescription ne sont pas récents. Il y a déjà deux décennies, des publications scientifiques en posaient les bases : examen critique de l’ensemble des médicaments prescrits, identification de ceux à arrêter, à remplacer ou à ajuster en posologie. Cette stratégie doit être planifiée avec le patient et s’appuie sur une coordination étroite entre les différents professionnels de santé.
Un mot contesté, des enjeux partagés
Le terme même de « déprescription » fait débat. Certains praticiens préfèrent parler de « réévaluation de la prescription », soulignant qu’il n’est pas toujours possible – ni pertinent – de supprimer un traitement. D’autres optent pour la notion plus globale de « sobriété médicamenteuse ». En 2024, cette approche a été mise en avant dans la campagne nationale « Réduisons le volume » portée par Les Entreprises du médicament (Leem).
Aux États-Unis, l’IA entre en scène
Dérivé du terme anglais deprescribing, le mot s’est popularisé dans les pays anglo-saxons, notamment aux États-Unis, où les patients assument souvent eux-mêmes le coût de leurs traitements. « Ces coûts sont tels que toute solution digitale avec intelligence artificielle apparaît comme un recours. Sur l’App Store, en 2024, on comptait pas moins de six applications de déprescription », a précisé Francis Megerlin, docteur en droit et professeur à l’université de Strasbourg.
Mais ces outils, même dotés de messages empathiques, « ne peuvent pas justifier la suppression de tel ou tel médicament », insiste-t-il. Il appelle les professionnels à se saisir de la déprescription, rappelant qu’« il est beaucoup plus difficile de gérer des environnements d’informations fragmentées avec des patients inquiets que lorsqu’ils sont accompagnés dans un cadre pluriprofessionnel ».
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