Carte Vitale obligatoire : la Fédération Addiction dénonce une rupture de soins

© Getty Images

Carte Vitale obligatoire : la Fédération Addiction dénonce une rupture de soins

Réservé aux abonnés
Publié le 26 août 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
Mettre en favori

La présentation de la carte Vitale est devenue obligatoire en pharmacie, le 17 juin dernier. Une mesure qui, selon la Fédération Addiction et ses médecins généralistes, provoque de nombreuses ruptures de soins chez des patients déjà vulnérables. Ils réclament la mise en place de nouvelles exceptions.

La Fédération Addiction et son Pôle médecine générale ne mâchent pas leurs mots. L’obligation de présenter la carte Vitale, « appliquée sans discernement, revient à exclure du soin les personnes les plus vulnérables : c’est un refus de soin inacceptable, contraire à l’éthique médicale et aux principes de santé publique ». Dans un courrier envoyé à la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, ils tirent le signal d’alarme : « Depuis plusieurs semaines, les adhérents de la Fédération Addiction (médecins, soignants, travailleurs sociaux…) signalent une multiplication des ruptures de traitement : des usagers ne peuvent plus obtenir leurs médicaments en pharmacie, faute de carte Vitale. » Ces personnes, souvent suivies en Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) ou par des médecins généralistes, cumulent précarité, isolement social, troubles de la santé mentale, perte de droits, absence de logement ou accès très limité au numérique. « La perte ou l’absence de carte Vitale est fréquente et les démarches pour en obtenir une nouvelle sont complexes et longues », ajoute la Fédération Addiction.

Réalité de terrain

De fait, la fédération demande à la ministre de mettre en place une nouvelle exception à la présentation obligatoire de la carte Vitale, au même titre que celles déjà prévues pour les nourrissons de moins de 3 mois, les résidents d’Ehpad et les bénéficiaires de l’AME. « Une dérogation claire et systématique est nécessaire. Ces situations doivent être reconnues comme des exceptions, permettant l’accès aux traitements sans carte Vitale, dans le cadre d’un suivi médical et social régulier. »

Mise en place pour limiter les fraudes, garantir la traçabilité des parcours de soins, et sécuriser les délivrances à risque, l’obligation de présenter la carte Vitale afin de bénéficier du tiers payant s’applique notamment lors de la délivrance de médicaments à risque (stupéfiants, antidiabétiques…) ou à forte valeur (plus de 300 € TTC la boîte). « Cette mesure ne tient malheureusement pas compte de la réalité vécue par les usagers les plus fragiles. Elle place des milliers de personnes en situation de rupture de soins. Le gouvernement et l’Assurance maladie prennent le risque de provoquer des rechutes, des hospitalisations, voire des surdoses. Des situations contradictoires avec le souci d’économies affiché. »

Publicité