Au cœur du « village des trahis », la colère des pharmaciens

Au cœur du « village des trahis », la colère des pharmaciens

Publié le 1 juillet 2025
Par François Gleize
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Sous une chaleur écrasante, les pharmaciens se sont rassemblés ce 1er juillet sur l’Esplanade des Invalides à Paris. Unis par un sentiment de « trahison » de la part de l’État, ils dénoncent des mesures qui menacent le réseau officinal, et avec lui, la santé de proximité pour des millions de Français.

Il est 11 heures, le thermomètre affiche déjà 38 °C. Sur l’esplanade des Invalides, les tentes blanches du « village des professionnels de santé trahis » offrent un peu d’ombre bienvenue.

Des pharmaciens venus de toute la France, parfois après un long trajet, se sont donné rendez-vous dans la capitale. Sur les pancartes et les banderoles : « Après les déserts médicaux, les déserts pharmaceutiques », « Pharmacies en danger, votre santé menacée », ou encore « On n’avalera pas la pilule. #TRAHIS ».

« L’heure est grave pour le réseau officinal ! »

Ce mot, « trahison », est sur toutes les lèvres. « Il résume ce qui m’amène ici aujourd’hui », souffle Guillaume, titulaire à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine). « Trahis par un gouvernement qui n’écoute pas. Malgré nos demandes de concertation. » La cause de cette colère : un projet de baisse drastique des remises sur les médicaments génériques, qui constituent une part vitale de l’économie des pharmacies. Pour beaucoup, c’est la survie de l’outil de travail qui est en jeu. « Le maillage officinal est en danger, tout comme la profession et la santé des Français. Très clairement, les professionnels de santé sont en rogne », martèle Guillaume.

Un sentiment de front commun face à l’État et sa logique comptable. « L’heure est grave pour le réseau officinal français et les patients qui franchissent notre porte chaque jour ! », résume Jérôme, titulaire à Athesans (Franche-Comté), bien décidé, comme ses confrères, à ne rien lâcher. « Ceux qui n’ont pas fini de rembourser leur prêt sont particulièrement menacés… Et comment va-t-on faire pour développer toutes ces nouvelles missions ? », s’interroge-t-il.

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Une mobilisation rapide et déterminée

Malgré une mobilisation « un peu dans l’urgence », comme le concède Rodolphe, titulaire à Audincourt (Franche-Comté), la détermination est solide. « On peut quand même être fiers du résultat avec une organisation en à peine une semaine ! Mais là, il y a urgence ! », lance-t-il. Le but de la journée est clair : « sensibiliser la population » et les nombreux élus présents.

Rodolphe n’hésite pas à pointer la responsabilité de l’État : « Si nous sommes si réactifs face à cette agression en règle, c’est que c’est loin d’être la première ! Comment une telle usine à perte peut-elle être mise en place ? » « Taper sur le médicament, taper sur des conventions actées mais pas encore mises en place*, c’est beaucoup plus facile que de s’attaquer à la cause structurelle de l’Ondam [objectif national de dépenses d’assurance maladie NdlR] », analyse le pharmacien.

Guillaume, lui, promet de « continuer s’il le faut jusqu’à la rentrée et au-delà » et d’appliquer « toutes les mesures de blocage de l’Assurance maladie envisagées par la profession, du moment qu’elles ne se répercutent pas sur le patient ».

À 13 heures, dans la fournaise, le cortège s’est élancé vers le ministère de la Santé.

* Les revalorisations conventionnelles des médecins, kinésithérapeutes et chirurgiens-dentistes ont été gelées par l’Assurance maladie.